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Suilly-la-Tour

Suilly-la-tour, aux portes de Donzy – un village animé, cher à l’auteur de ce site – est d'apparence banale le long de la route. Pourtant, il offre une palette remarquable de sites castraux anciens et prestigieux.

Au bourg, allongé en surplomb de la vallée du Nohain, point de château ni de manoir. Seule l’église gothique dédiée à Saint Symphorien, dotée de la tour monumentale qui a donné son nom à la paroisse à partir du XVIème siècle, atteste d’un riche passé.

Mais pas moins de trois châteaux principaux se partageaient le territoire paroissial, et bien d'autres richesses patrimoniales y sont toujours visibles.

Au regard de l’ancienneté, Vergers, un ancien domaine de Saint Germain, le grand évêque d'Auxerre,  qui relie directement Suilly à ce siège épiscopal, s’impose. Un ambitieux palais, dont le parc à l’anglaise s’allonge au milieu des bras du Nohain, a été construit vers 1880 sur les ruines de l’ancien château médiéval. Une petite église paroissiale gothique dédiée à Saint Pallade, successeur de Saint Germain, a succédé au XVème siècle à une église primitive, en ce lieu. Elle a été transformée mais conservée, à l’ombre du château. La munificence outrée de l’architecture néo-gothique ne doit pas faire oublier le caractère historique du site, château et forge, et l’importance de l’ancienne forteresse, dont des bases en gros appareil subsistent.

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Au regard de l’identité locale, le manoir du Magny dont les hauts murs et les restes de mâchicoulis rappellent le caractère féodal (XVè-XVIè), était le véritable château de Suilly, dont le fief s’étendait vers Garchy et Pouilly, en s’éloignant de la rivière. Les armes à trois tours des Pernay, seigneurs du Magny et de Suilly pendant plusieurs siècles, figurent à la clef d'une voute de l’église, mais il est probable que les derniers seigneurs, avaient déserté le lieu bien avant la Révolution.

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Au palmarès du charme cependant, c’est le beau château des Granges, dont les douves s’alimentent au Nohain, qui l’emporte. Il a été reconstruit à la fin du XVIème siècle, mais a conservé des traces des siècles précédents. Une grâce particulière se dégage de l’ensemble qui se mire dans les eaux vives et stagnantes, agrémenté d’un parc à la française. Ces « granges » étaient celles de la Rachonnière, vieux fief détenu au XIIIème siècle par un riche chevalier giennois. Ce nom et le château de Bureau de la Rivière, prirent vite le dessus sur l’ancien site.

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L’ancien fief de la Fillouse, souvent associé à celui du Magny, n’a pas conservé par contre de traces castrales, et celles qui subsistent à Presles, en contrebas du bourg, fief détaché de celui de Suilly, sont bien modestes.

Pour compléter le panorama, il faut évoquer la belle maison des maîtres de forge de Chailloy, sur le maigre Accotin, aux limites de la commune. Bijou de la fin de la Renaissance, il est dû à la famille du théologien protestant Théodore de Bèze, très investie dans l’industrie métallurgique naissante, dont le Donziais était un territoire de prédilection.

Les moulins enfin, qui ont permis de premiers balbutiements industriels, jalonnent le cours de la rivière, dont les bras occupent toute la vallée : ancienne forge de Vergers, moulin Neuf (à tan ou à écorces) au bourg, moulin Rochereau, moulins des Granges et de la Ronchonnière ; et sur l’Accotin, qui rejoint ici le Nohain : forge de Chailloy, moulins de Suillyseau et de Presles. Pas un gramme de la force du Nohain et de ses affluents n’était perdu, et on imagine l’activité qui en résultait.

Plusieurs fiefs et abbayes présentés sur ce site sont au voisinage immédiat de Suilly : le Prieuré de Donzy-le-Pré en amont, Favray, Mocques, en aval, et non loin Villargeau ; dans la forêt : la Chartreuse de Bellary et Vieux-Moulin ; au nord Chevroux et l’abbaye de Saint-Laurent…etc. Un bel environnement, vraiment !

Voyez le très joli site municipal de Suilly : www.suillylatour.fr

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Donzy et la Terre Sainte

(Illustration : Versailles, salles des croisades, époque de Louis-Philippe)

Les armoiries de Donzy figurent dans la cinquième Salle des Croisades du château de Versailles, en l’honneur de Geoffroy III, baron de Donzy et comte de Chalon, seigneur de Saint-Aignan et de Chatel-Censoir, qui prit part à cette épopée dès ses débuts. Il fut en effet parmi ceux qui répondirent à l’appel lancé à Clermont par le Pape Urbain II, le 27 novembre 1095, à l’origine de la première croisade (1096-1099).

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Il s’agissait de rétablir l’accès des chrétiens à Jérusalem, que les Turcs, bientôt supplantés par les Fatimides, leur avaient interdit, et de répondre à l’appel de l’empereur byzantin Alexis Comnène.

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Pour accomplir cette mission Geoffroy dut céder sa part du comté de Chalon à son oncle Savaric de Vergy, et mettre ainsi fin à ce lien ancestral avec sa dynastie bourguignonne. 

Fut-il à la prise de Jérusalem en 1099, aux côtés de Godefroy de Bouillon ? Trouva-t-il la mort en Terre Sainte comme certains auteurs l’avancent, où prit-il effectivement l’habit de Cluny à son retour ? Avec quels vassaux du Donziais, chevaliers, écuyers et serviteurs, avait-il accompli cette expédition ? Les textes restent silencieux, mais Geoffroy avait en tout cas devancé son voisin et rival le comte de Nevers, Guillaume II, qui ne put rejoindre l’armée des croisés avec son frère Robert et quinze mille hommes dit-on, qu’en 1100, car il était auparavant mineur.

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Les barons de Toucy, seigneurs de Puisaye, Ythier II et son frère Narjot faisaient partie de cette expédition. Il y trouvèrent la mort en 1100, les premiers d’une longue série : Ythier IV en 1147, Narjot II en 1192 à Acre, Ythier V en 1218 à Damiette, Jean en 1250 à Mansourah.

Pour la deuxième croisade, prêchée par Bernard de Clairvaux en 1146, les textes ne mentionnent pas la présence d’un baron de Donzy, pourtant si proche de Vézelay d’où le Saint avait parlé. Guillaume III de Nevers et son frère Robert, comte de Tonnerre, y figuraient bien quant à eux, ainsi que Pierre de France, sire de Courtenay, dont le fils fut plus tard comte de Nevers.

                                                                 220px-Saint-Bernard_prêchant_la_2e_croisade,_à_Vézelay,_en_1146

Geoffroy de Saint-Verain partit quant à lui en avant-garde de la troisième croisade en 1188 à la demande du comte de Nevers, après avoir octroyé des libéralités aux abbayes auxerroises de Reigny et de Crisenon, ainsi qu’à la Commanderie de Villemoison. Il entamait lui aussi une longue série : autour de Saint-Verain, les noms de Palestine donnés à différents lieux – comme Jérusalem – conservent la mémoire de cet engagement.

Trois des fils du baron de Donzy Hervé III prirent part à cette expédition et à la suivante. Ils y laissèrent la vie : Guillaume de Gien, l’aîné, qui fut baron trois ans avant de trouver la mort à Acre en 1191 ;  Renaud de Montmirail, le cinquième, et Bernard, le dernier, tués tous deux en 1205 après le siège d’Andrinople.

Tout au long du XIIIème siècle enfin, les grands comtes de Nevers, barons de Donzy, s’illustrèrent en Terre Sainte : ainsi Archambaud IX de Bourbon, mort en 1249 à Chypre ; Eudes de Bourgogne, en 1269 à Acre ; ou encore Jean-Tristan de France, premier époux de Yolande de Bourgogne, fils de Saint-Louis, en 1270 à Damiette.

Peu mentionnés par les Chroniques, mais bien présents aux côtés des princes et des rois, les seigneurs de Donzy ont apporté leur contribution à cette vaste entreprise et la présence de l’écu d’azur aux pommes de pins d’or à Versailles, n’est que justice.

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Maupertuis, près Druyes

(Illustration : château de Druyes)

Cette seigneurie paraît constituée vers 1500 au profit de Regnault de Mullot (voir article sur Le Colombier à Etais) capitaine de Druyes, par des dons de la comtesse de Nevers, dont il était l’un des serviteurs. Elle passa dans plusieurs familles par des alliances successives, et vint accroître le vaste domaine des Damas d’Anlezy, vicomtes de Druyes (voir cette notice)  au début du XVIIIème siècle.

Une maison de maître subsiste à Maupertuis, siège d’une exploitation agricole isolée, sur une hauteur  boisée à l’ouest de Druyes. 

Ci-dessous la notice généalogique correspondante :

Maupertuis (version 5 du 29-9-21)

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La Breuille, à Sainpuits

A la Breuille près de Sainpuits, un grand manoir du XVIIème siècle, parfaitement restauré, atteste de l’ancienneté et de l’importance de cette seigneurie, passée au XVIème siècle aux La Ferté-Meung, mais sans doute détenue antérieurement par une branche des sires de La Rivière (voir cette notice).

On voit aussi des Champfremeux, sgr de la Breuille, du Méez et de Sainpuits à la même époque, qu’il n’a pas été possible de relier. Mais peut-être faut-il distinguer les fiefs de la Grande et la Petite Breuille ?

La Breuille fut vendue vers 1600 aux Gentils, venus du Limousin, et également seigneurs du Boulay à Druyes (voir cette notice), qui sont sans doute les bâtisseurs du manoir actuel.

Voyez ci-dessous la notice correspondante :

La Breuille (V3 mise à jour le 3/1/21)

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Taingy

Il n’y a pas de véritable trace castrale à Taingy, en Forterre. Cette terre paraît avoir été associée à celle de Pesselières (à Sougères-en-Puisaye), voisine.

Elle est mentionnée pour la première fois à la fin du XVème siècle dans la famille de Champs, issue du Morvan. Elle passe ensuite par alliance aux Grivel de Grossouvre.

Dans des conditions qui restent à élucider on la trouve à la fin du XVIème siècle aux mains des Marafin, de Garchy et Vieux-Moulin, puis par alliance des La Roche-Loudun, implanté sprincipalement à Mocques (Saint-Quentin-sur-Nohain) (Voir cette notice). Louise  de La Roche l’apporte en dot à René de La Coudre, possessionné dans le voisinage immédiat (à Molesmes – voir cette notice) et dont la famille la conserve jusqu’à la Révolution.

Ci-dessous une notice détaillée (V améliorée du 16 sept 2021) , qu’il faudra compléter et étayer davantage. Merci de votre aide !

Taingy

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