Archives de catégorie : Nièvre

Château-Musard à Billy

Billy-sur-Oisy a une origine très ancienne comme en témoignent les nombreux silex taillés et tessons de poterie trouvés sur son territoire. Bourgade gauloise, ville forte au temps de la Gaule romaine, autrefois nommée Billiacum (du nom d'homme gaulois Billius), une voie romaine passe à proximité.

Au sud du village, la butte isolée du Château-Musard fut autrefois couronnée d’un château féodal

Cette terre appartenait originellement au Chapitre de la Cathédrale d’Auxerre, puis passa aux barons de Donzy devenus comtes de Nevers, qui en firent le siège d’une châtellenie, unie plus tard à celle de Corvol-L’Orgueilleux. Le comte Hervé rebâtit, en l’agrandissant, l’ancien château. Cette forteresse était imposante : elle mesurait 200 mètres de long sur 50 de large. Hervé et son épouse Mahaut de Courtenay, y firent de nombreux séjours. Mahaut y vint encore en 1250, quelques années avant sa mort, mais il fut délaissé ensuite.

En 1544, François Ier autorisa, par lettre patente, les habitants à créer foires et marchés et à entourer, à leurs frais, le village de murailles. Une tour en est l’unique vestige.

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Pour l'histoire de Château-Musard, qui n'est plus aujourd'hui qu'un fantôme, laissons la parole à un érudit local, René Lussier (1864-1939) : 

« Le touriste qui suit l'agréable route de Clamecy à Neuvy ne manque point de remarquer devant lui, dès qu'il quitte le joli site de Batilly, un monticule couronné de ruines. Ces vestiges de murailles presque parées d'un riche manteau de végétation sont les restes de Château Musard.

Ce château, bien que n'offrant que très peu d'intérêt historique, n'en a pas moins une certaine célébrité dans l'histoire locale et régionale. Née de la Rochelle le fait bâtir par César. Cette thèse n'a rien d'invraisemblable, attendu que cette forteresse commandait une voie romaine qui passait sous ses murs. Un point d'eau très important : la Fontaine de Grès, arrose le pied de ces glacis et pouvait suffire aux besoins de la garnison. De nombreuses monnaies et médailles, trouvées dans les environs, viennent appuyer cette supposition. Enfin, la situation agréable de ce lieu, à la naissance de la vallée du Champorin, a peut-être séduit le vainqueur des Gaules, mais elle a certainement inspiré la fantaisie des étymologistes qui l'ont appelé le "château des Muses". Pourtant ce nom ne prévalut point, puisque l'histoire dit Murat et non Musard.

Mais arrivons aux renseignements fournis par les documents historiques.

En 1212, Hervé de Donzy, comte de Nevers jeta les fondations de la construction où commença la restauration de la forteresse Murat. Mais cette construction était sur les fonds du Chapitre de Saint Etienne d'Auxerre. Les chanoines n'osaient attaquer que faiblement le puissant comte ; cependant d'après une sentence rendue à Billy, en août 1214, par Guillaume de Seignelay, évêque d'Auxerre, et son frère Manassés, évêque d'Orléans, le comte abandonna au Chapitre, à titre de dédommagement, tout ce qu'il possédait sur Oisy. Hervé dès lors, n'éprouva plus de difficultés dans ses travaux de restauration. Dès 1212, il avait agrandi son domaine de Billy par un échange avec Jehan de Toucy.

D'après les désirs du roi Philippe-Auguste, Hervé de Donzy avait épousé, en 1199, Mahaut ou Mathilde, fille de Pierre de Courtenay et d'Agnès, fille de Gui 1er, comte de Nevers.

Les époux s'embarquèrent pour la croisade à Gênes en 1218. Mais après l'assassinat de Pierre de Courtenay, qui venait d'être élu empereur de Constantinople, ils rentrèrent précipitamment en Nivernais pour vivre paisiblement dans leurs châteaux. Mahaut se plaisait beaucoup dans les châteaux situés sur les collines comme Druyes, Murat, Montenoison. Après avoir habité Montenoison, où elle passa le temps pascal en 1247, elle vint à Murat. C'est là qu'elle data le mardi d'après la mi-carême au mois de mars 1250, l'acte de mariage du chevalier Guy Breschard, sgr de Toury, avec Isabeau, fille de Geoffroy de Billy, de son vivant maréchal du Nivernais.

Au mois de juillet 1253, elle expédia de Murat la donation qu'elle fit aux écoliers d'Auxerre qu'on appelait "les Bons Enfants". Ce fut aussi de ce lieu qu'elle confirma l'acquisition que le Chapitre d'Auxerre avait faite des dîmes de Nannay. La fondation des deux chapelles dans le château de Nevers fut confirmée à Murat en 1256.

L'année suivante, Mahaut mourait à Coulanges sur Yonne, après y avoir fait sont testament par lequel elle demandait à être inhumée dans son abbaye de la Consolation de N-D, près de la Montcelle. Aujourd'hui encore, les restes de la grande comtesse reposent dans la terre de ce site enchanteur qu'est le Réconfort. La chapelle où tant de fois elle vint prier pour son aimé seigneur Hervé qui avait sa sépulture à Pontigny. Dans cet antique sanctuaire on pourrait reconnaître Mahaut portant l'image de l'abbaye qu'elle avait fondée. Hommage posthume de quelques admirateurs de Mahaut de Courtenay, l'une des plus grandes figurent de l'histoire du Nivernais.

Le mercredi 4 juin 1281, le comte de Nevers, Robert de Flandre, fit hommage au seigneur évêque d'Auxerre, Guillaume de Grez, pour le château de Murat et autres lieux. Ce même comte vint se réfugier dans son château Murat en 1290 et 1291, fuyant la colère du roi Philippe IV, contre lequel il avait guerroyé. L'évêque d'Auxerre, Pierre de Mornay, fait confirmer ses droits sur Murat en exigeant que le comte de Nevers, Louis de Flandre, lui prête foi et hommage (19 octobre 1296). Son successeur médiat, Pierre de Grez, fut moins heureux ; Louis de Nevers lui ayant refusé l'hommage en 1311. Pour ce refus, le comte se vit saisir Murat. Rentré en possession de son fief, il en fit la donation en novembre 1324, à son cousin, Alphonse d'Espagne, tout en s'en réservant la suzeraineté.

Dès le XVIème siècle, la forteresse Murat semble avoir perdu considérablement de sa puissance. Des aventuriers se rient de son quadrilatère de hautes murailles crénelées et de son double pont levis ; ils la pillent en 1554. Quelques années plus tard, en 1590, les Auxerrois, aidés par les gens d'Avallon et de Vézelay, peuvent mettre Billy à sac. La dernière mention du château remonte au 27 octobre 1660. Murat devait suivre le sort des autres châteaux du comte de Nevers ; il est abandonné par les successeurs d'Hervé et tombe en ruine.

Les abords et le sol du château sont vendus parcelle par parcelle, dès le commencement du XVIIIème siècle la vigne est plantée. Par la suite les habitant de Billy enlèveront les matériaux de bâtiments pour construire leurs maisons. Il ne reste plus de la fière forteresse, que le peuple dès 1743 désigne sous le nom de château Musard, que la gracieuse silhouette que l'on ne se lasse pas d'admirer en suivant la rue principale du bourg de Billy sur Oisy. »

                                                    Sans titre

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Petit manoir de Pougny

En contrebas du village de Pougny, l’ancien manoir des seigneurs du lieu est aujourd’hui un domaine agricole. Il a été construit à la fin du XVIIème siècle (toits à la Mansart).

Mais le fief est mentionné dès la fin du XIIIème siècle par Marolles. Huguette de Clamecy l’aurait apporté aux Damas de Marcilly, qui l’auraient cédé vers 1415.

La présence d’une pierre tombale aux armes de Clèves dans l’église Saint-Vincent, datée de 1550, indique que Pougny leur appartenait, sans doute par don du duc leur parent.

Ce fief a été associé à celui des Granges, à Suilly (voir cette notice) au début du XVIIème siècle. Il a aussi été associé ultérieurement, à celui de Villargeau voisin (voir cette notice). Jacques de Forgues, Secrétaire de la Chambre du Roi (v. 1600) originaire du Béarn, enrichi par ses charges de « receveur des tailles et aydes », acheteur des Granges sur les du Broc en 1591, aurait ajouté – par acquisition ? – ce fief au vaste domaine des Granges, et il resta dans sa descendance, au-delà même de la Révolution.

Voyez ci-dessous la notice qui lui est consacrée, et aidez-nous à la compléter…

Pougny  (V. complétée le 14 sept 2021)

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Nannay et Pernay

(Illustration : armes de Pernay)

Pernay était un fief situé près de Nannay, qui a donné son nom à une famille qu’on suit jusqu’au XVIIème siècle en Donziais (cf. not. les notices Le Magny et Port-Aubry).

La première mention du nom remonte à 1330, mais la succession dans ce fief n’est pas bien établie.

Nannay a été un fief des Lamoignon (voir cet article) au XIVème siècle, et serait revenu par alliance aux Pernay, au début du XVème, unissant ainsi semble-t-il ces deux terres voisines.

Mais des actes indiquent que le fief aurait été détenu, au moins en partie, par la Couronne à certaines époques et donné à de hauts personnages comme Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et Jean de La Personne, chambellan, qui le vendit à Bureau de la Rivière, qu'on retrouve ici encore.

On ne sait comment ensuite ces fiefs passèrent aux sires de Tespes.

Les Tridon, magistrats originaires du Morvan, les détinrent au XVIIIème siècle à la suite de successions entre frères et sœurs et de remariages.

Voyez ci-dessous la notice consacrée à ces fiefs, qui devra être précisée et complétée grâce à votre aide…

Nannay et Pernay (V6 du 7/5/17)

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Port-Aubry ou Port-au-Berry ?

(Illustration : extrait d’un relevé cartographique de 1727-1730)

Le fief de Port-Aubry, au bord de la Loire en amont de Cosne, sur la paroisse de Saint Agnan (voir cette notice), est identifié dès le XIIIème siècle. Le nom est parfois orthographié Port-Obry. Certains sources l’appellent Port-au-Berry ou Port-au-Bry : un port a existé à cet endroit, du moyen-âge au XVIIIème siècle. On ne sait si le château figuré sur un ancien plan de Cosne correspond au relevé présenté ci-dessus, et ni où il se trouvait précisément par rapport à la petite maison de maître d’aujourd’hui.

De premiers hommages sont rendus pour Port-Obry dès 1335 par des membres de la famille du Pont.

Les premiers seigneurs dont la succession est clairement identifiée sont les Pernay, par ailleurs seigneurs de Nannay, de Suilly et du Magny (voir cette notice).

La succession des familles détentrices du fief (Bussy, Paris…) est malaisée à suivre, d’autant qu’une partie paraît en avoir été séparée et aurait été détenue par le duc de Nevers, qui la vend en 1710 à l’horloger, ingénieur et maître de forge Claude Grégoire.

De nos jours, la Ferme du Port-Aubry est connue pour ses fromages de chèvres…

La base Gertrude (Pätrimoine de la Région Centre) fournit d’intéressantes indications et de superbes plans sur les aménagements portuaires anciens de Cosne.

Une étude très fouillée de l’histoire du site par A. Boucher-Baudard, vient de faire l’objet du Cahier n°24 des Amis du Musée de la Loire à Cosne : « Port-Aubry, des origines au XIXème siècle, une histoire de Folie« .

Voyez ci-dessous la notice que nous consacrons à Port-Aubry, largement complétée grâce aux apports très importants de M. Boucher-Baudard justement…

  Port-Aubry (Cosne)  (V. du 18 avril 2022)

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Suilly-la-Tour

Suilly-la-tour, aux portes de Donzy – un village animé, cher à l’auteur de ce site – est d'apparence banale le long de la route. Pourtant, il offre une palette remarquable de sites castraux anciens et prestigieux.

Au bourg, allongé en surplomb de la vallée du Nohain, point de château ni de manoir. Seule l’église gothique dédiée à Saint Symphorien, dotée de la tour monumentale qui a donné son nom à la paroisse à partir du XVIème siècle, atteste d’un riche passé.

Mais pas moins de trois châteaux principaux se partageaient le territoire paroissial, et bien d'autres richesses patrimoniales y sont toujours visibles.

Au regard de l’ancienneté, Vergers, un ancien domaine de Saint Germain, le grand évêque d'Auxerre,  qui relie directement Suilly à ce siège épiscopal, s’impose. Un ambitieux palais, dont le parc à l’anglaise s’allonge au milieu des bras du Nohain, a été construit vers 1880 sur les ruines de l’ancien château médiéval. Une petite église paroissiale gothique dédiée à Saint Pallade, successeur de Saint Germain, a succédé au XVème siècle à une église primitive, en ce lieu. Elle a été transformée mais conservée, à l’ombre du château. La munificence outrée de l’architecture néo-gothique ne doit pas faire oublier le caractère historique du site, château et forge, et l’importance de l’ancienne forteresse, dont des bases en gros appareil subsistent.

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Au regard de l’identité locale, le manoir du Magny dont les hauts murs et les restes de mâchicoulis rappellent le caractère féodal (XVè-XVIè), était le véritable château de Suilly, dont le fief s’étendait vers Garchy et Pouilly, en s’éloignant de la rivière. Les armes à trois tours des Pernay, seigneurs du Magny et de Suilly pendant plusieurs siècles, figurent à la clef d'une voute de l’église, mais il est probable que les derniers seigneurs, avaient déserté le lieu bien avant la Révolution.

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Au palmarès du charme cependant, c’est le beau château des Granges, dont les douves s’alimentent au Nohain, qui l’emporte. Il a été reconstruit à la fin du XVIème siècle, mais a conservé des traces des siècles précédents. Une grâce particulière se dégage de l’ensemble qui se mire dans les eaux vives et stagnantes, agrémenté d’un parc à la française. Ces « granges » étaient celles de la Rachonnière, vieux fief détenu au XIIIème siècle par un riche chevalier giennois. Ce nom et le château de Bureau de la Rivière, prirent vite le dessus sur l’ancien site.

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L’ancien fief de la Fillouse, souvent associé à celui du Magny, n’a pas conservé par contre de traces castrales, et celles qui subsistent à Presles, en contrebas du bourg, fief détaché de celui de Suilly, sont bien modestes.

Pour compléter le panorama, il faut évoquer la belle maison des maîtres de forge de Chailloy, sur le maigre Accotin, aux limites de la commune. Bijou de la fin de la Renaissance, il est dû à la famille du théologien protestant Théodore de Bèze, très investie dans l’industrie métallurgique naissante, dont le Donziais était un territoire de prédilection.

Les moulins enfin, qui ont permis de premiers balbutiements industriels, jalonnent le cours de la rivière, dont les bras occupent toute la vallée : ancienne forge de Vergers, moulin Neuf (à tan ou à écorces) au bourg, moulin Rochereau, moulins des Granges et de la Ronchonnière ; et sur l’Accotin, qui rejoint ici le Nohain : forge de Chailloy, moulins de Suillyseau et de Presles. Pas un gramme de la force du Nohain et de ses affluents n’était perdu, et on imagine l’activité qui en résultait.

Plusieurs fiefs et abbayes présentés sur ce site sont au voisinage immédiat de Suilly : le Prieuré de Donzy-le-Pré en amont, Favray, Mocques, en aval, et non loin Villargeau ; dans la forêt : la Chartreuse de Bellary et Vieux-Moulin ; au nord Chevroux et l’abbaye de Saint-Laurent…etc. Un bel environnement, vraiment !

Voyez le très joli site municipal de Suilly : www.suillylatour.fr

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