Port-Aubry ou Port-au-Berry ?

(Illustration : extrait d’un relevé cartographique de 1727-1730)

Le fief de Port-Aubry, au bord de la Loire en amont de Cosne, sur la paroisse de Saint Agnan (voir cette notice), est identifié dès le XIIIème siècle. Le nom est parfois orthographié Port-Obry. Certains sources l’appellent Port-au-Berry ou Port-au-Bry : un port a existé à cet endroit, du moyen-âge au XVIIIème siècle. On ne sait si le château figuré sur un ancien plan de Cosne correspond au relevé présenté ci-dessus, et ni où il se trouvait précisément par rapport à la petite maison de maître d’aujourd’hui.

De premiers hommages sont rendus pour Port-Obry dès 1335 par des membres de la famille du Pont.

Les premiers seigneurs dont la succession est clairement identifiée sont les Pernay, par ailleurs seigneurs de Nannay, de Suilly et du Magny (voir cette notice).

La succession des familles détentrices du fief (Bussy, Paris…) est malaisée à suivre, d’autant qu’une partie paraît en avoir été séparée et aurait été détenue par le duc de Nevers, qui la vend en 1710 à l’horloger, ingénieur et maître de forge Claude Grégoire.

De nos jours, la Ferme du Port-Aubry est connue pour ses fromages de chèvres…

La base Gertrude (Pätrimoine de la Région Centre) fournit d’intéressantes indications et de superbes plans sur les aménagements portuaires anciens de Cosne.

Une étude très fouillée de l’histoire du site par A. Boucher-Baudard, vient de faire l’objet du Cahier n°24 des Amis du Musée de la Loire à Cosne : « Port-Aubry, des origines au XIXème siècle, une histoire de Folie« .

Voyez ci-dessous la notice que nous consacrons à Port-Aubry, largement complétée grâce aux apports très importants de M. Boucher-Baudard justement…

  Port-Aubry (Cosne)  (V. du 18 avril 2022)

D enluminé

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13 réflexions sur « Port-Aubry ou Port-au-Berry ? »

  1. Quelques mentions du nouveau fief de Port Aubry dans l'inventaire des titres de l'évêque sur Cosne et Villechaud.

    A noter que lors de l'acquisition de Grégoire de la Tour, les limites du nouveau fief de Port Aubry ont surpris jusqu'à l'évêché qui était resté sur celles du premier fief bien plus étendu.

    2 mai 1710 :

    Aveu et dénombrement du fief du port Aubry et port à la Dame rendu à Monsieur le Duc de Nevers à cause de son château de Cosne par M Claude Grégoire de la Tour seigneur de ladite terre et seigneurie du Port Aubry et Port à la Dame, passé devant Robert et Chaumorot notaires le 2 may 1710

    Lequel aveu n’est pas conforme au titre de bornage du 30 janvier 1483 fait entre l’Evêque d’Auxerre seigneur de Cosne et le seigneur du Port Aubry.

    21 avril 1714 :

    Reconnaissance reçue par François Breuzard notaire à Cosne les 21 avril 1714 et 14 novembre audit an de cinq livres six deniers de rente et cens payable au jour de St Remy assise sur plusieurs bâtiments et héritages sis au Port à la Dame, passée au profit de M Charles Gabriel Daniel de Thubiere de Levy de Caylus, illustrissime et révérendissime Evêque d’Auxerre, seigneur de la ville de Cosne par Monseigneur Nicolas de Riglet seigneur de Lusson et du Port à la Dame en partie, et Claude Grégoire sieur de la Tour du Port Aubry et du Port à la Dame en partie.

    1713 – 1715 :

    Copie de saisies réelles du fief du port Aubry et Port à la Dame faites les 1er juillet 1713 et 14 octobre 1715 à la requête de Gilles Vernier, Bourgeois de Paris, tuteur des enfants mineurs de M Pierre Vincent Bertin trésorier général des parties casuelles sur le sieur Grégoire de la Tour du Port Aubry et du Port à la Dame.

    21 février 1727 :

    Copies de saisies réelles du fief de port Aubry et port à la Dame faites à la requête du sieur Jean Arnault maître de la fonderie de Cosne du 21 février 1727 sur le sieur Grégoire de la Tour seigneur du Port Aubry et du Port à la Dame.

    13 février 1764:

    Sentences et requetes du Palais du 13 février 1764 par laquelle il est ordonné que distraction sera faite au profit de M l’Evêque d’Auxerre de la saisie réelle du fief de port Aubry et port à la Dame , un terrain appellé le pré Morlat contenant environ deux arpents et demi, ledit terrain compris dans ladite saisie réelle comme faisant parti des 250 boisselées de terre ou environ appelées le Tremblat comme appartenant ledit terrain du crot Morlat en propriété à l’évêché d’Auxerre.

    Le soussigné ordonne que la saisie de ce terrain sera rayée des requestes , des décrets et de tous autres dépens compris entre les parties.

    17 août 1766 :

    Lettre de M de Paris propriétaire du fief du Port Aubry et du Port à la Dame adressée le 17 août 1766 à M l’Eveque d’Auxerre seigneur de la Chatellinie de Cosne et Villechau par laquelle il prétend qu’il y a erreur dans le terrier de Cosne fait en l’année 1714 au sujet de six deniers de cens qui sont joints à 5 livres de rente dus à M l’Eveque sur le domaine du Port à la Dame et propose en conséquence un accord à l’amiable pour éviter un procez.

    6 février 1767 :

    Copie non signée du bornage fait le 6 février 1767 du fief du Port Aubry situé en l’étendue de la paroisse Saint Aignan de Cosne, ledit fief appartenant alors à Mr Jean Siméon de Paris écuyer et ledit bornage fait par Chenou arpenteur royal demeurant à Saint Vérain.

    Différents mémoires manuscrits de la part de M l’Evêque d’Auxerre seigneur de Cosne et Villechau et de la part de M de Paris seigneur du fief du Port Aubry et Port à la Dame, lesquels manuscrits établissent que la métairie du port à la Dame est chargée de censive envers M l’Evêque d’Auxerre.

    A ces mémoires est jointe un courrier donné par Claude François Lerasle cy devant fermier de la terre de Cosne en date du 4 septembre 1780 par lequel il certifie que Me Jean Siméon de Paris s’étant rendu adjudicataire du fief du port Aubry et du domaine du Port à la Dame situé en la ville de Cosne par sentence du châtelet de Paris du 8 juin 1765, il a entitré ladite sentence audit Lerasle en sa dite qualité de fermier et lui a payé le 28 juillet suivant la somme de 200 livres à quoy s’est restraint pour les profits des lods et ventes dues sur la valeur du Port à la Dame.

    Inventaire des titres des terres et seigneuries de Cosne sur Loire et Villechau (1780) – Archives d’Auxerre G 1689

  2. Détail de la procédure entamée à l'époque de la famille de Pernay et terminée avec le Duc de Nevers et ayant conduit à la disparition du port dépendant du fief de Port Aubry :

    15 septembre 1491

    Procez verbal fait par François Farineau huissier le 15 septembre 1491 a la requete de M Jean Baillat Evêque d’Auxerre contre Catherine Claude et consorts, par lequel, en vertu de lettres royaux obtenus par mondit seigneur Evêque ledit seigneur est maintenu et gardé en la possession dudit port et passage de Cosne a travers la rivière de Loire et défend a qui que ce soit de l’y troubler dans toute son étendue a commencé depuis le port de Saint Thibault jusqu’à celui de la Celle.

    8 au 11 mai 1495

    Enquete faite à la requeste de M Jean Baillet Evêque d’Auxerre contre Catherine Claude et consorts par Mr Jean Regnier écuyer lieutenant général au baillage d’Auxerre les 8 9 10 et 11 may 1495 par laquelle il est prouvé que le port et passage de Cosne sur la rivière de Loire a commencé depuis le port de Saint Thibault jusqu’à celuy de la Celle appartient à M l’Evêque d’Auxerre et que jamais il n’y d’aucun autre port et passage sinon que celui établi par lesdits défendeurs que forme le différent des partis.

    1496 :

    Un dossier contenant quatre pièces de procédure faite à la requete de M Jean Baillet Evêque d’Auxerre contre Catherine Claude et consorts du nombre desquelles est un proces verbal fait par M Jean Regnier écuyer lieutenant général d’Auxerre contenant transport de sa personne sur le port et passage de Cosne.

    20 décembre 1698 :

    Convention faite par Chardon, notaire royal à Auxerre le premier juillet 1708 d’un extrait d’arrêt du grand conseil rendu au profit de M. André Colbert, Evêque d’Auxerre le 20 décembre 1698 contre Monseigneur le Duc de Nevers, par lequel entre autres choses ledit seigneur évêque est maintenu dans son droit de port et passage sur la rivière de Loire depuis le port de St Thibault jusqu’à celui de la Celle et est fait défense audit Duc de Nevers et atout autres de ly troubler ; et est ordonné audit Duc de Nevers de supprimer le port et passage par lui établi en ladite étendue, à l’exception néanmoins qu’il pourra avoir au port aubry un petit batteau à passer seulement pour la commodité des domiciliés dudit lieu.

    Inventaire des titres des terres et seigneuries de Cosne sur Loire et Villechau (1780) – Archives d’Auxerre G 1689

  3. Je découvre avec un peu de retard cette excellente autant qu'exhaustive étude, avec la contribution remarquable de ce lecteur! Si je connaissais l'existence d'un château à Villechaud, j'étais loin d'imaginer que le secteur de Port-Aubry, dont je croyais que l'histoire se limitait à un quelconque embarcadère, recelait de telles richesse! peut-on savoir d'où provient la carte reproduite en en-tête de cet article?

    1. Ce site est en effet particulièrement bien documenté, grâce aux travaux très approfondis d’un visiteur passionné.

      Les références de la carte sont données en légende de sa reproduction complète, en tête de la notice jointe.

      Merci de votre intérêt

  4. D'après le titre de Jean Siméon de Paris, voici le descriptif des bâtiments qu'il a acquis en 1765 :

     

    « Premièrement,

    En sur et au devant du château et principal manoir du fief de et seigneurie de Port Aubry, situé sur le bord de la rivière de Loire, près Cosne, susdite paroisse Saint Aignan, consistant en plusieurs chambres hautes et basses, anti chambre, salles et salons, cabinet et cuisine,

    Le tout ne faisant qu'un même corps de logis et bâtiment couvert en tuiles avec cours, écuries et remises, parterres et terrasses et autres dépendances dudit fief consistant en plus grande partie en un petit bois proche dudit château, contenant environ trois arpents.

     

    Plus une garenne contenant environ sept arpents,

    Le tout tenant d'un côté d'orient au chemin de Cosne et d'occident à la rivière de Loire et autres parties aux terres desdits fiefs.

    […]

    Plus en sur et au devant deux bâtiments qui composent le domaine de Port à la Dame appartenant audit sieur Grégoire, en la même paroisse de Saint Aignan et de Cosne, proche le château du Port Aubry, lesdits bâtiments consistant en une maison servant aux Métairies où il y a chambre basse avec cheminée, chambre haute et grenier, petit jardin devant et derrière une grange et toit y attenant, séparée de ladite maison par une grande cour commune audit domaine et à celui du sieur Riglet de Lusson, avec une chènevière proche de ladite maison et en dépendant, le tout tenant du soleil levant au chemin de Cosne à Sancerre, du couchant et du septentrion aux bâtiments et héritages du sieur Riglet de Lusson et du midi aux héritages du fief du Port Aubry, lequel domaine est en roture et sujet à la censive de Monseigneur Lesvesque d'Auxerre et à sa justice à cause de sa seigneurie de Cosne ainsi que les héritages faisant partie d'icelui domaine ci-après déclaré. »

     

    Ce descriptif confirme donc la présence d'un château sur le bord de Loire au XVIIIème, à quelques centaines de mètres au sud de la petite maison de maître actuelle. Il en ressort que le bâtiment semblait être assez « récent ». Comme le montre le relevé cartographique de 1730 juxtaposé au cadastre de 1824, l'ensemble se trouvait constituant une avancée sur la Loire dont un grand mur formait une terrasse sur laquelle se dressait le château. A l'emplacement approximatif du bâtiment se situe aujourd'hui une dépression dans le terrain derrière des hangars agricoles. Cela pourrait se recouper avec les écrits d'un abbé de Cosne qui au milieu du XIXème mentionnait un château de la Terrasse à Port Aubry, emporté par la Loire. Avec la conception de l'édifice qui semble se dessiner, il est aisé d'imaginer qu'une crue de la Loire rompant le mur de soutènement de la terrasse ainsi que le terrain très instable en bordure de Loire auraient eu tôt fait d'entraîner pae un glissement de terrain tout ce qui se trouvait au dessus. Cela expliquerait d'ailleurs la disparition brutale du château.

     

    Un autre élément concernant Port à la Dame cette fois est que son emplacement, l'actuel hameau de Port Aubry n'a quant à lui subit aucune changement au cours des siècles. On le retrouver presque tel qu'il avait été décrit le 2 février 1452, dans l'acte de vente par l’Évêque d'Auxerre : « La métairie ledit lieu du Port à la Dame, la prée qui est devant la métairie du port, une pièce de pré séant et étant au dessous dudit Port ainsi qu'il se poursuit, se comporte, tenant à la rivière de Loire, ensemble et avec toutes les terres, héritages, droits, aisances et appartenances d'icelle métairie ainsi et comme tout se poursuite, se comporte de toute ancienneté. »

     

    Pour le château de Port Aubry, le constat semble être tout autre. Comme on le voit ci-dessus, la construction paraît moderne avec salons, terrasses, … et l'élément le plus important est le bords de Loire. La description ci-dessous tirée du dénombrement du fief de 1599 semble confirmer que ce château semble s'être substituer à un manoir plus ancien, la description du bâti et de son environnement étant différente :

     

    « Premièrement les deux tiers de la maison seigneuriale dudit lieu du Port Aubry, grange, étables, cours, jardins, verger, colombier, vigne, deux petites maisons,

    Le tout étant en nue pour prix, droits, aisances le appartenances d'iceux contenant en toute une septerée de terre ou environ, tenant de la garenne dudit lieu ci-après déclarée, d'autre au ruisseau du port, d'autre au chemin par lequel on va de ladite maison au grand chemin tirant de Cosne à Sancerre, d'autre part

     

    Item des deux tiers d'une pièce de terre appelée Le Champ du Colombier contenant deux septerées de terre ou environ, tenant d'un long à la garenne ci-après déclarée, d'autre au grand chemin par lequel on va de Cosne à Sancerre, une haie vive entre deux, d'autre aux jardins des maisons ci-dessus déclarées, d'autre au part.

     

    Item semblable portion d'une garenne appelée La Petite Garenne près le Colombier contenant un arpent et demi ou environ de terre, tenant d'une part à la terre ci-devant déclarée, d'autre au ruisseau du port, et d'autre à la pièce de terre en laquelle est assis ledit colombier, et d'autre à la garenne de la Pisserote ci-après déclarée d'autre part.

     

    Item semblable portion que dessus d'une autre garenne appelée La Pisserote contenant quatre arpents ou environ tenant d'une part au dit ruisseau, d'autre au grand chemin tirant de Sancerre à Cosne, et à la garenne ci-devant déclarée d'autre part.

     

    Item semblable portion d'une autre pièce de terre appelée La Traine, contenant trois septerées ou environ, tenant d'un bout à la garenne appelée La Pisserote, d'autre audit ruisseau du port, d'autre à la vigne appelée la Plante du port, et d'autre audit grand chemin tirant de Cosne à Sancerre d'autre part.

     

    Item semblable portion d'une autre pièce de terre appelée le Champ de la Plante contenant une septerée ou environ tenant d'une part au Champ ci-dessus appelé La Traine, d'autre, d'autre à la terre des hoirs Guillaume d'++++++, d'autre audit grand chemin de Cosne à Sancerre et d'autre à la vigne de la Plante d'autre part.

     

    Item semblable portion d'une autre pièce de vigne appelée La Plante contenant l’œuvre de dix hommes ou environ tenant d'une part audit champ de la Plante ci-dessus déclaré, d'autre audit ruisseau du port, d'autre à la terre de Léonard Milleroud, d'autre audit champ de la Traine d'autre part.

     

    Item semblable portion d'un petit bois proche lesdites maisons contenant deux arpents ou environ tenant d'une part audit grand chemin tirant de Cosne à Sancerre, d'autre audit ruisseau, d'autre aux chemins tirant desdites maisons audit grand chemin de Sancerre, d'autre aux terres des hoirs des Gautiers. »

     

    La substitution d'un manoir à un autre n'est en soi pas anormale, bien au contraire. Par contre, ce qui est plus troublant est qu'il n'y a plus aucune mention de la Loire. S'il y a un élément marquant pour situer un lieu, c'est bien la Loire. Comment le manoir s'il était au même endroit se serait trouvé aussi éloigné du fleuve. Certes le cours de la Loire a changé de tracé au fil des siècles, mais alors comment aurait-il fait pour se rapprocher autant du manoir de Port Aubry alors qu'il est resté quasi identique juste à côté à Port à la Dame ? De plus, si la Loire était si menaçante, pourquoi aller construire un château directement dessus ? Encore, alors que les fiefs de Port Aubry et Port à la Dame furent séparés durant des siècles entre l'évêché d'Auxerre et le comté de Nevers les bâtiments de l'un auraient-il pu être construits quasiment cote à cote de ceux du fief voisin ? Enfin, en 1599 et en 1483, le manoir est dit situé à proximité du ruisseau du Port qui vient de la route royale. Ce ruisseau qui de manière quasi certaine semble être celui venant de Montchevreau via les Cottereaux coule bien plus au nord et son cours permet difficilement d'imaginer qu'il fasse un brusque créneau un kilomètre vers le sud (il est le seul ruisseau du secteur sur les cartes anciennes et encore aujourd’hui et le vallon où il s'écoule est très prononcé et laisse peu de place à une autre direction). Or dans les descriptions antérieures au XVIIIème, c'est ce ruisseau l'élément marquant. De plus, en 1483, il est dit que le fossé (constituant le ruisseau) constitue la limite nord des deux fiefs avec Cosne. Or avec la configuration du XVIIIème, cela pose problème car pour que le ruisseau soit à proximité de Port Aubry, il doit être situé au sud de Port à la Dame alors qu'en 1452 ledit fief était inclus dans la délimitation donc au sud du ruisseau ce qui ne correspond pas.

     

    Aussi, il semblerait (hypothèse que l'on ne peut encore infirmer ou confirmer en l'état actuel des recherches) que le manoir de Port Aubry ait été au fil du temps bâti à deux endroits différents au moins. Le plus ancien apparaît comme assez éloigné de la Loire, donc reculé dans les terres à proximité du ruisseau du Port qui constituait la limite nord des fiefs de Port Aubry et Port à la Dame. Celui du XVIIIème au contraire paraît avoir été bâti dans un but de plaisance à proximité immédiate de la Loire et par la même des bâtiments de la métairie qui l'accompagnait. D'après le relevé cartographique et la description du titre, celui-ci devait être très proche dans son architecture du château de Mocques. La trop grande proximité de la Loire lors de sa construction entraînera sa disparition totale.

     

    En ce qui concerne l'emplacement du supposé ancien manoir, une carte du XVIIIème très précise du secteur vient semer le doute (http://archivesenligne.yonne-archives.fr/ark:/56431/vta5346883b6b654/dao/0#id:424124698?gallery=true&brightness=100.00&contrast=100.00&center=2919.0080371222557,-2113.8108910464293&zoom=11.000000000000002). On y remarque très nettement le château de Port Aubry. Grâce au relevé topographique de 1730, on reconnaît en dessous le rectangle matérialisant le mur de soutènement de la terrasse sur la Loire et de chaque côté, les deux bâtiments latéraux de la cour.

    En suivant sur ce plan la description des limites des fiefs en 1483, la limite est était la voie royale qui correspondait grosso modo avec la route dessinée. La limite nord était le ruisseau du Port. On peut supposer qu'il s'agit de celui dont le pont est représenté, ce qui nous donne le coin nord est. La limite ouest était la Loire dont le coin nord ouest était formé par l'endroit où le ruisseau se jetait dans le fleuve.

    Or dans cette délimitation, entre le château de Port Aubry et la route de Paris, il y a un secteur délimité, exclus du reste et contenant un symbole étrange qui malheureusement n'est pas légendé ni identifiable. Cela ne semble pas être un bâtiment en état d'usage mais ce n'est pas non plus une erreur du cartographe ni même une carrière. Il n'y a pas d'autre équivalent sur le document.

     

    Pour l'heure personne ne sait à quoi cela peut correspondre. Mais pourrait-il s'agir de ruines ? La question reste entière.

  5. Bonjour, après avoir acquis le titre de propriété de Jean Siméon de Paris, voici ce qui en ressort. Certains éléments éclairent en partie la suite des évènements intervenus depuis 1710 en revanche, cela complexifie la partie de l'histoire antérieure car on ne sait comment le fief de Port Aubry a quitté le patrimoine des seigneurs de Paris pour revenir au Duc de Nevers.

    – Acquisition par Claude Grégoire de la Tour du Duc de Nevers le 22 mars 1710 pardevant Maître Romain Fortier et son collègue, notaires à Paris.

    Toutefois, la propriété est très différente de celle des seigneurs d'autrefois. Le fief de Port à la Dame est divisé en deux domaines, l'autre appartenant au sieur Riglet de Lusson. Une partie des parcelles dépendant du fief de Port Aubry ont-elles aussi changé de propriétaire. Une part appartient au sieur Riglet de Lusson et une autre part semble appartenir au sieur Burloy de Cosne.

     

    – Grégoire de la Tour décède le 2 mars 1733 à Cosne, laissant pour recueillir sa succession (en ce compris la propriété de Port Aubry et Port à la Dame) :

    1°) Demoiselle Barbe Rafiat veuve et commune en biens de Sieur Laurent Grégoire, en son vivant ingénieur du Roy qui est seul et unique héritier de Claude Grégoire de la Tour, son frère ;

    2°) Pierre Grégoire, bourgeois de la ville de Cosne, André Nicolas Pase, maître fondeur et Françoise Grégoire, sa femme à cause d'elle, lesdits Pierre Grégoire et Françoise Grégoire enfants et héritiers dudit défunt Laurent Grégoire, leur père défunt.

     

    – Toutefois, des procèdures de saisies immobilières entamée avant le décès de Grégoire de la Tour aboutiront près de trente ans après son décès (en raison du décès du débiteur : Grégoire de la Tour mais aussi en raison du décès du créancier auteur de la saisie, Jean Arnault, Maître de la fonderie de la ville de Cosne.

     

    – La créance sera cédée en dernier lieu à Jean Siméon de Paris qui habitant à proximité en son château de la Roche à Tracy arrive à faire vendre aux enchères les biens dépendant de la succession de Grégoire de la Tour. Il sera adjudicataire des propriétés de Port Aubry et Port à la Dame suivant sentence rendue par le Châtelet de Paris le 8 juin 1765, moyennant la somme de 8,550 livres.

     

    – Parallèlement, Pierre Babaud de la Chaussade acquiert du Duc de Nevers le droit de retenue sur le fief de Port Aubry :

    « Nous soussignés, Duc de Nivernois et Donziois, Pair de France, au moyen de la remise qui nous a été faite par Messire Babaud de la Chaussade, écuyer, secrétaire du Roy, maison couronne de France et de ses finances, de la cession que nous avons bien voulu lui faire par acte sous signature privée en date du trente mai dernier, notre droit de retenu féodale du fief de Port Aubry, avons ensaisiné la présente sentence et investi l'acquéreur dénommé dans les biens à lui adjugés pour ce qui relevant et mouvant de notre Duché et de notre chastellinie de Cosne après avoir été payé et satisfait des droits seigneuriaux et féodaux à nous dus à cause de ladite adjudication, sauf les droits octroy en tout, et à la charge par l'acquéreur de nous rendre la foy et hommage et l'aveu et dénombrement dudit fief de Port Aubry pour ce qui est mouvant de nous , en notre chambre des comptes à Nevers dans le temps et conformément à la coutume, et de payer les droits dus et accoutumés pour raison en foy et hommage, aveu et dénombrement, reconnaissant en outre avoir reçu les droits revenants aux officiers de notre chambre des comptes de Nevers et au fermier de notre chastellinie de Cosne.

    Déclarons avoir remis audit acquéreur l'acte de cession fait audit Seigneur de la Chaussade, enregistré au bureau de notre chambre des comptes de Nevers le dix neuf juin dernier et contrôlé à Nevers le trente un juillet aussi dernier par Turpin.

    Fait à Paris ce dix neuf août mil sept cent soixante cinq.

    – Le Duc de Nevers – »

     

     

    Résumé de la procédure contre Grégoire de la Tour puis sa succession :

    Le 1er février 1721, suivant acte reçu par Guédon et Rémy, Notaires au châtelet de Paris, Claude Grégoire de la Tour s'oblige à rembourser à Maître Jean Pellissier, prêtre chanoine de la Cathédrale de Beauvais la somme de 9,300 livres en principal.

    Maître Jean Pellissier est depuis décédé, laissant pour recueillir sa succession : Maître Joseph Pellissier, son frère, avocat au parlement, en qualité de légataire universel, suivant son testament et ordonnance de dernières volontés du 8 mai 1722 et duquel legs universel ledit Maître Pellissier, avocat, a obtenu délivrance par sentence rendue au bailliage de Beauvais le 16 avril 1723.

    Laquelle créance a été cédée par Maître Joseph Pellissier au profit de Jean Arnault, Maître de la fonderie de la ville de Cosne, devenant ayant droit par transport de ladite créance, passé devant Bapteste et Chèvre, notaires au châtelet de Paris le 2 juin 1726. Maître Pellissier s'étant réservé les intérêts de la créance pouvant être dus jusqu'à ce jour.

    Ledit sieur Grégoire de la Tour, partie saisie étant décédé, le sieur Jean Arnault ès nom et qualité, poursuivant, par requête du 21 mai 1734 a obtenu sentence le 13 août suivant contre demoiselle Barbe Rafiat veuve et commune en biens de Sieur Laurent Grégoire, en son vivant ingénieur du Roy qui est seul et unique héritier de Claude Grégoire de la Tour, son frère, partie saisie. Pierre Grégoire, bourgeois de la ville de Cosne, André Nicolas Pase, maître fondeur et Françoise Grégoire, sa femme à cause d'elle, lesdits Pierre Grégoire et Françoise Grégoire enfants et héritiers dudit défunt Laurent Grégoire, leur père défunt.

    Lesdites obligations et sentences ont été déclarées exécutoires contre lesdites veuve Laurent Grégoire ès nom et lesdits Pierre Grégoire, Pase et sa femme ès nom

     

    Demoiselle Marie Anne Arnault, fille majeure et unique héritière dudit feu sieur Jean Arnault, son père a repris en cette qualité au lieu et place dudit feu sieur Jean Arnault poursuivant l'instance.

     

    Par acte passé devant Soulant, notaire au duché du Nivernais et au bailliage de Cosne le 6 mai 1764, Marie Anne Arnault unique héritière des défunts Jean Arnault et Anne Barat a transporté et laissé sa créance à Messire Jean Siméon de Paris, écuyer, seigneur de la Mothe, demeurant en son château de la Roche, paroisse de Tracy.

     

    Étant précisé que :

    Ledit sieur Jean Arnault, poursuivant étant décédé, demoiselle Monique Bailly épouse du sieur Guillaume Moineau, maître barbier et perruquier demeurant en la ville de la Charité sur Loire dudit son mari autorisée a par acte du 25 mars 1761 reçu par Boursier et son confrère, notaires au bailliage de Saint Pierre le Moûtier, résidant en la ville de la Charité et en suppléant à la renonciation pour elle ci-devant faite à la succession du sieur Jean Arnoult, son aïeul par acte du 30 avril 1750 renoncé d'abandonner à ladite succession pour lui être plus onéreuse que préférable.

     

    Demoiselle Monique Bailly épouse du sieur Guillaume Moineau, maître barbier et perruquier demeurant en la ville de la Charité sur Loire dudit son mari autorisée a renoncé le 5 décembre 1763 aux successions d'Anne Barat, femme de Jean Arnault, forgeron de ladite ville de Cosne, son aïeule maternelle et de Jeanne Marie Bailly, femme de Gilbert Chaumorot, garçon de poste en ladite ville de Cosne, sa sœur, fille de Marie Arnault et de Guillaume Bailly, ces successions lui étant plus onéreuses que profitables.

     

    Marie Anne Bailly, femme de Jean Joachim Blanchot, marchand gantier en la ville de Cosne, dudit sieur son mari autorisée, par acte reçu par le notaire royal au bailliage du siège présidial d'Auxerre, résidant à Cosne le 15 mars 1764, ladite femme Blanchot, fille de Guillaume Bailly et de la défunte Marie Anne Arnault par représentation de laquelle, ladite femme Blanchot, conjointement avec Monique Bailly épouse de Guillaume Moineau et avec Marie Jeanne Bailly, femme de Gilbert Chaumorot, héritière présomptives et pour moitié de la défunte Anne Barat, leur aïeule, en son vivant veuve du défunt Jean Arnault, maître de forge,

    L'autre moitié de la succession de ladite Anne Barat ayant passé à ladite Marie Anne Arnault, depuis lequel décès de Marie Anne Barat, ladite femme Chaumorot décédée sans hoirs à l'aîné sa succession à ses dites deux sœurs au moyen de quoi, ladite femme Blanchot tant de son chef que de celui de ladite défunte se trouvant avoir droit au total avoir droit pour trois quarts dans la succession de ladite Anne Barat a renoncé aux successions de ladite Anne Barat qu'avec celle de Marie Jeanne Bailly décédée, femme Chaumorot, ces successions lui étant plus onéreuses que profitables.

  6. Bonjour,

     

    Tout d'abord, je vous souhaite une bonne année 2017 et formule le souhait que ce site continue de nous apporter de nouvelles connaissances sur notre région pendant longtemps.

     

    Après quelques recherches fortuites dans les tous derniers jours de 2016, j'ai découvert des actes notariés de la première moitié du XIXème, appartenant à la famille Chaumorot qui pourraient peut-être permettre de développer une nouvelle piste intéressante sur Port Aubry.

     

    La famille Chaumorot, à partir de la fin du XVIIème et jusqu'au milieu du XIXème va occuper une place importante dans le paysage cosnois puisqu'on compte parmi ses rangs, les maîtres de la poste aux chevaux, des officiers municipaux et un maire de la ville, un notaire de Cours (également bailli de la justice de Cosne), un contrôleur à l'hôtel de ville, des négociants en vin et un agent national du directoire du district qui quittera Cosne pour devenir directeur des messageries royales à Lyon, tous ayant une situation de choix et un patrimoine confortable.

     

    Or donc, dans le testament-partage de la veuve Chaumorot, maîtresse de la poste aux chevaux, établi par acte reçu par Maître Planchard, notaire à Cosne en 1824, il est écrit par ledit notaire sous la dictée de Madame Chaumorot :

    «  une pièce de terre située en face de la maison de la Folie contenant deux hectares cinquante cinq ares vingt centiares pour quarante boisselées, tenant du nord au chemin de la Grande Route à Port Aubry, du sud à ma propriété, de l'est la route de Paris et de l'ouest au manoir de la Folie ». Cette parcelle clairement identifiable, supporte de nos jours, les magasins Jardiland et Citroën.

     

    Cette propriété était à cette époque, louée à Monsieur Maillet, gendre de ladite dame et maire de Cosne, résidant alors avec sa belle mère à l'auberge du Lion d'or. Rien ne prédestine donc, a priori cette ferme à porter le terme de manoir. Pourtant le terme est bien utilisé et écrit par le notaire. Cela est d'autant plus surprenant que, bien que la royauté soit rétablie, la famille Chaumorot n'avait pas intérêt à posséder des biens ostentatoires (y compris dans leur dénomination). Le mari de ladite dame en effet a fait parti des cosnois guillotinés en 1794 et si les biens de la succession n'ont pas été saisis par les instances révolutionnaires, c'est bien car la dame Chaumorot a indiqué avoir beaucoup de dettes et estimait que le passif était supérieur à l'ensemble des biens immobiliers lui appartenant. Pourtant, en 1824, le partage est effectué sur des biens et créances d'une coquette somme de 193.320 Francs.

     

    La propriété en question estimée alors pour 42550 Francs (en comparaison, Jean-Baptiste de Paris a cédé le domaine du Port à la Dame dit du Port Aubry et toutes les terres y étant attachées pour 20000 Francs), s'étendait sur à peine une trentaine d'hectares. La particularité était que ses limites correspondaient exactement avec la colline surplombant les terres des fiefs de Port Aubry et Port à la Dame. En prenant les limites décrites en 1483, les immeubles concernés se trouvaient à l'intérieur du périmètre, à 900 m à l'est du hameau aujourd'hui appelé Port Aubry (ou parfois encore à l'époque le Port à la Dame), à 500 m de la limite ouest et à moins de 350 m du ruisseau existant aujourd'hui (que l'on peut supposer être le ruisseau du Port d'origine, constituant la limite nord du fief).

    Ce domaine paraît comme détaché de l'ensemble des deux fiefs puisque les limites cadastrales près de 10 ans après feront apparaître que les limites de parcelles se poursuivaient au delà de la propriété, dans la partie des terres qui seront achetées avec la partie Nord du Port à la Dame par Riglet de Lusson. Quant cette séparation a t elle été opérée ? Peut-être courant XVIIIème ?

     

    Pour avoir tenté de rechercher, en vain, il n'y a aucune trace ou mention de la Folie avant le XVIIIème, pas plus sur ses occupants ou possesseurs. Pourtant, certaines traces semblent attester que le bâtiment le plus ancien est encore bien antérieur au XVIIIème. En effet, il y existe un ancien porche qui ne mène à rien et ne correspond à aucun chemin connu depuis le XVIIIème, dans le puits se situe à 4m de profondeur existe un couloir bouché après quelques mètres, dans l'ancien cellier servant de cave se trouvent au moins deux ouvertures qui paraissent être des meurtrières et le carrelage de l'ancien habitat situé au dessus du cellier serait daté du Xvème ou XVIème. Enfin, le logis avait une conception particulière avec la cuisine située dans le bâtiment principal mais séparée des pièces de vie. Il fallait de cette cuisine, descendre des marches pour passer dans le cellier situé sous la pièce de vie au rez-de-chaussée (laquelle pièce possédait une grande cheminée et des armoires murales), puis en accédant dudit cellier à une autre petite pièce attenante, un escalier permettait de remonter dans la grande salle de vie. La seule question subsiste seulement quant au moyen de monter à l'étage supérieur où devait se trouvait une seconde salle et une chambre (par une tour extérieur?).

     

    Dans l'acte de 1824, voilà comment étaient décrits les bâtiments situés juste à l'ouest d'une pièce de terre appelée le Champ de la Vigne :

    «  une maison située au lieu de la Folie, commune de Cosne, composée d'une chambre d'habitation, grange, écuries, cour, puits, aisances et dépendances »

     

    En comparaison, voici la description de la maison seigneuriale de Port Aubry dans l'acte du 24 février 1599 :

    « la maison seigneuriale dudit lieu du Port Aubry, grange, étables, cours, jardins, verger, colombier, vigne, deux petites maisons ».

     

    En écartant la thèse de la maison seigneuriale qui serait tombée dans la Loire, l'explication de la disparition des mémoires du château de Port Aubry pourrait s'expliquer de manière rationnelle par le fait que les derniers seigneurs du Port y résidant de manière permanente semblent être Antoine du Rozel et son épouse, c'est à dire vers 1655. Par la suite, ce sont des fermiers, … qui ont dû occuper la place. Cela laisse plus d'un siècle avant que Port Aubry et Port à la Dame ne disparaissent complétement. Cela fait presque deux siècle avant que de nouvelles mentions en soient faites pour tenter alors de le retrouver.

     

    En conclusion, nous avons un fief avec une maison seigneuriale disparue et un pseudo manoir, sans histoire. Le secteur nous réserve par conséquent encore bien des surprises.

  7. Je connaissais ce site et en particulier ce plan des aménagements de la Loire, c'est une vraie mine d'or. Toutefois, je fais toujours attention aux emplacements indiqués car sur les anciennes cartes, il y a souvent beaucoup d'imprécisions. Le moins que l'on puisse dire, c'est que malgré tout l'ensemble était très important et il est difficile d'imaginer que l'intégralité ait disparue d'un seul coup sans laisser de trace. Au moins un bâtiment, un puits, … auraient pu subsister. A moins que les ruines aient été jetées dans les carrières ?

    Le texte de 1838 est celui qui est à l'origine des textes de la fin du XIXème qui mentionnaient d'anciennes ruines.

    Or difficile de dire à quoi correspondaient ces ruines car dans un secteur d'un peu moins de 300 hectares (d'après la délimitation des fiefs de 1483), trois grands bâtiments ont disparu, savoir :

    – la grange épiscopale existant avant 1290 et ne laissant déjà en 1453 plus aucune trace ;

    – une grange construite au lieu du Port à la Dame et qui se trouverait entre les bâtiments actuels et la Loire, celle-ci apparaît encore sur un état des lieux du XVIIIème siècle mais a disparu dès la fin de ce siècle ;

    – enfin, la maison seigneuriale avec ses dépendances et deux petites maisons.

    Toutes ces disparitions complexifient l'affaire.

     

    Les améliorations que vous avez apporté à l’article complètent bien l'histoire du lieu. Toutefois, je ferais les quelques remarques suivantes :

    – sur la présence d'un port, celle-ci est avérée dès 1290. En 1772, celui-ci était toujours en activité puisque dans le bail fait aux Connault, il est noté « Seront tenus les preneurs ainsi qu'ils s'y obligent de faire avec les autres métayers dudit seigneur, les voitures de fer des vendanges, de son vin sur le port de la Roche et les autres charrois nécessaires pour les réparations des bâtiments dudit domaine, même pour les nouvelles constructions faite si ledit seigneur bailleur les augmentait au cours du présent bail pour prendre la pierre aux carrières dudit lieu et les autres matériaux qui viendraient par eau sur le port ». Un bac est même attesté et le port en fonction jusqu'à la fin du XVII ou au début du XVIIIème.

    Le nom du fief viendrait d'ailleurs de la présence du port à proximité d'un ruisseau dont les mentions sont récurrentes au fil des siècles (dès 1157).

    Le nom Aubry viendrait de : Auberici ou Alberici selon les époques. Ces noms ayant eux même pour origine « albus rivus » ou ruisseau blanc. Vers 1290, le port était effectivement nommé « Portus Auberici ».

     

    – En 1599, il n'y a pas eu de vente au Comte de Nevers, c'est une mauvaise interprétation qui a été faite par un auteur. J'ai eu la chance aux archives de Cosne, de tenir entre mes mains une copie de l'acte en question de 1599 qui appartenait à Jean-Baptiste de Paris. En réalité, il s'agissait dans l'acte d'un partage effectué entre les héritiers du Vernay et ce qui a pu être trompeur et que l'aveu et dénombrement du fief de Port Aubry (uniquement lui et pas Port à la Dame) est fait à la Comtesse de Nevers (ce qui est finalement normal d'un vassal envers son suzerain).

     

    – En ce qui concerne les deux noms de Port Aubry et Port à la Dame qui ont fini par définir un même lieu, cela n'a vraisemblablement commencé que dans les dix dernières années du XVIIIème et ce n'est qu'à la fin du XIXème que le hameau s'est définitivement appelé Port Aubry (au cadastre napoléonien, la section H est toujours nommée section du Port à la Dame).

    Pour preuve, dans le bail de 1772 à Loup Connault, la distinction est encore très claire, sont loués : « le lieu et domaine du Port à la Dame » d'un côté et de l'autre les « héritages dépendant du fief et domaine de Port Aubry ».

     

    – En ce qui concerne l'achat par Grégoire de la Tour au duc de Nevers, il s'agit sans doute encore d'une mauvaise interprétation comme pour l'acte de 1599. Dans les inventaires des archives, il est noté « aveu et dénombrement au duc de Nevers ». Cela ne signifie pas que l'achat est fait au duc, mais qu'en vassal l'aveu et le dénombrement sont fait à son suzerain.

     

    – Reste la question de l'emplacement possible de la maison seigneuriale. Même si les ruines et le plan peuvent laisser à penser qu'elle se trouvait sur les bords de Loire, d'autres au contraire la situerait loin de la Loire à proximité d'un ruisseau.

    Le principal témoignage fiable que l'on ait sur cette maison et sa situation est justement le partage de 1599 avec Jacques du Vernay, ce document concerne uniquement Port Aubry. La maison est les terres qui l'entourent sont ainsi décrites :

    « Premièrement les deux tiers de la maison seigneuriale dudit lieu du Port Aubry, grange, étables, cours, jardins, verger, colombier, vigne, deux petites maisons,

    Le tout étant en nue pour prix, droits, aisances le appartenances d'iceux contenant en toute une septerée de terre ou environ, tenant de la garenne dudit lieu ci-après déclarée, d'autre au ruisseau du port, d'autre au chemin par lequel on va de ladite maison au grand chemin tirant de Cosne à Sancerre, d'autre part

    Item des deux tiers d'une pièce de terre appelée Le Champ du Colombier contenant deux septerées de terre ou environ, tenant d'un long à la garenne ci-après déclarée, d'autre au grand chemin par lequel on va de Cosne à Sancerre, une haie vive entre deux, d'autre aux jardins des maisons ci-dessus déclarées, d'autre au part.

     Item semblable portion d'une garenne appelée La Petite Garenne près le Colombier contenant un arpent et demi ou environ de terre, tenant d'une part à la terre ci-devant déclarée, d'autre au ruisseau du port, et d'autre à la pièce de terre en laquelle est assis ledit colombier, et d'autre à la garenne de la Pisserote ci-après déclarée d'autre part.

     Item semblable portion que dessus d'une autre garenne appelée La Pisserote contenant quatre arpents ou environ tenant d'une part au dit ruisseau, d'autre au grand chemin tirant de Sancerre à Cosne, et à la garenne ci-devant déclarée d'autre part.

     Item semblable portion d'une autre pièce de terre appelée La Traine, contenant trois septerées ou environ, tenant d'un bout à la garenne appelée La Pisserote, d'autre audit ruisseau du port, d'autre à la vigne appelée la Plante du port, et d'autre audit grand chemin tirant de Cosne à Sancerre d'autre part.

     Item semblable portion d'une autre pièce de terre appelée le Champ de la Plante contenant une septerée ou environ tenant d'une part au Champ ci-dessus appelé La Traine, d'autre, d'autre à la terre des hoirs Guillaume d'++++++, d'autre audit grand chemin de Cosne à Sancerre et d'autre à la vigne de la Plante d'autre part.

     Item semblable portion d'une autre pièce de vigne appelée La Plante contenant l’œuvre de dix hommes ou environ tenant d'une part audit champ de la Plante ci-dessus déclaré, d'autre audit ruisseau du port, d'autre à la terre de Léonard Milleroud, d'autre audit champ de la Traine d'autre part.

     Item semblable portion d'un petit bois proche lesdites maisons contenant deux arpents ou environ tenant d'une part audit grand chemin tirant de Cosne à Sancerre, d'autre audit ruisseau, d'autre aux chemins tirant desdites maisons audit grand chemin de Sancerre, d'autre aux terres ++++ des hoirs des Gautiers. »

    Ce qui est frappant, est que d'une part, il y a de très nombreux bâtiments, la maison, le colombier, les dépendances, les deux maisons des fermiers, … or il paraît difficile de tout faire disparaître jusqu'aux fondations. L'autre point troublant est qu'il n'y a sur ces parcelles aucune mention de proximité de la Loire, uniquement celle du ruisseau dit du Port. Or ruisseau s'il y a de longue, il se situe bien plus au nord.

    Resterait à identifier ces lieux.

    La majeur partie du Port Aubry se situait d'après ce document à l'est du hameau actuel, sous la quasi totalité du Parc d'activité du Val de Loire et des zones industrielles (ZC du Grand Champ, du Champ Bailly, du Tremblat).

    Seuls quelques prés sont mentionnés le long de la Loire, à l'endroit où le ruisseau se jette dans le fleuve. Surprenant à nouveau.

    Difficile donc de faire tenir la maison et les terres la touchant entre le chemin de Villechaud et la Loire, sauf à ce qu'entre 1599 et la fin du XVIIIème, le secteur ait connu un tel chamboulement que le ruisseau actuel se soit déplacé d'un kilomètre au nord, ou qu'il ait été bouché et que la Loire ait raboté tellement le rivage que l'intégralité de tous les bâtiments soient tombés dedans. Cela paraît faire beaucoup. De plus, outre la proximité de la Loire, l'emplacement de la maison devrait au moins mentionner le Port à la Dame.

    – De cela deux réflexions découlent de la situation des lieux :

    – la première est que les deux fiefs de Port Aubry et Port à la Dame malgré une histoire commune étaient à l'origine totalement indépendants l'un de l'autre. Aussi, il est difficile d'imaginer que le manoir de Port Aubry ait été presque accolé à la métairie de Port à la Dame. D'ailleurs dans le secteur, plusieurs centaines de mètres séparent habituellement les exploitations agricoles, y compris celle relevant de la même propriété. D'ailleurs, où se situeraient les prés de la métairie si le château de Port Aubry occupé lui aussi les bords de la Loire.

    – une autre réflexion vient du fait que le fief de Port Aubry s'étendait initialement jusqu'au chemin traversant les Beaubutaines. Or les seigneurs de Port Aubry auraient-il pu accepter une construction justement entre la Loire et ce grand chemin, sur les hauteurs dominant ?

    En effet, sur les hauteurs le cadastre napoléonien fait apparaître un grand corps de bâtiments en surplomb du hameau à environ 800 m. Des traces anciennes y subsistent et semble indiquer une construction datant au minimum de la première moitié du XVIIIème alors que le fief de Port Aubry existait encore. Une datation plus précise pourrait être une des clés. D'après un expert en céramologie, des carreaux de carrelages en provenant daterait possible du Xvème ou XVIème siècle. J'ai effectué à cet endroit plusieurs photographes d'éléments « anciens » et des croquis, plans, … pour tenter d'expliquer certaines choses (comme un passage cocher en direction du Port à la Dame alors que l'entrée principale est à l'opposé, une structure souterraine en maçonnerie et voûte en pierre à 4m de profondeur dans un puits, …). C'est d'ailleurs en partant de ces premières recherches que j'ai débordé sur cette question du Port Aubry, il faut l'avouer. Car en remontant les origines de propriété, il y a là aussi un manque pour la période fin XVIIIème début XIXème, ce qui ne permet pour le moment de trouver aucune explication. Peut-être qu'un jour si quelqu'un est capable d'identifier certains éléments, cela orienterait les recherches à effectuer dans un sens ou dans l'autre. J'aurais bien tenté d'inclure dans mes réponses des éléments graphiques (plans, …), mais visiblement, cela ne passe pas.

     

    – En 1791, alors que le précurseur du cadastre commençait à être mis en place, les anciens fiefs de Port à la Dame et Port Aubry se trouvaient divisés en deux secteurs. Le 2ème secteur dit de Port Aubry et le 8ème secteur dit de la Folie dont la description suit :

    « 2ème Section

    Elle commencera depuis et compris ladite maison de Jean Labaume (autrement dit, celui des deux domaines de Port à la Dame qui a gardé le nom de Port à la Dame), suivant le bord de la Loire en remontant au midi jusqu'à la rue des Narcy et des Guérins, tenante aux premières maisons de Villechaud.

    De la suivant ladite rue en remontant au levant jusqu'au chemin de Villechaud à Cosne et remontant ensuite en suivant ledit chemin du côté du nord jusque et vis à vis de la maison dudit Jean Labaume.

    8ème Section

    Elle commence audit chemin de la Grande Vallée aux Cortillats suivant le Grand Chemin de Paris à Lyon en venant au nord jusqu'au chemin qui va de la Gâtine à Villechaud et de là, suivant ledit chemin, traversant le crot Morlat (mentionné dans le document de 1483) jusqu'au chemin de Cosne à Sancerre à l'endroit où est une borne.

    De ladite borne revenant sur Cosne jusqu'au chemin qui conduit du Port à la Dame (étonnamment, c'est Port à la Dame qui est cité et non Port Aubry) au grand chemin, en passant le long de la terre appartenant ci-devant au sieur Pinon et qui est actuellement au Sieur Loyseau. »

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