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Tracy, au coeur du vignoble

(Illustration : château et vignoble de Tracy)

Prolongeant vers le nord les coteaux du vignoble de Pouilly-sur-Loire, ceux de Tracy descendent vers le fleuve. Mais du château féodal qui, entre les tours de Cosne et celles de La Charité, gardait les rives de la Loire, il ne reste que les souterrains. Le comportement de son seigneur n’est sûrement pas étranger à sa disparition : il avait pactisé avec les anglais au début de la Guerre de Cent Ans.

Au XVème siècle fief de Tracy est aux mains des Corquilleray dont un représentant, Guillaume, est Prévôt des maréchaux en 1489. Au siècle suivant, sa fille l’apporte en mariage à Michel des Rivauldes qui, en 1571, est l’un des cent gentilshommes de la maison du roi Henri III. Aux environs de 1580, Tracy passe à Françoise de Bar (sur cette famille voir « Histoire du Berry » de La Thaumassière), dont le père, seigneur de Buranlure, en Sancerrois, était gouverneur et maître des eaux et forêts du comté de Sancerre. Devenue veuve une seconde fois, elle choisit son mari, François Stutt, parmi les gentilshommes de la garde du roi ; successivement attaché aux rois Henri III puis Henri IV.

Par ce mariage le fief de Tracy passa aux mains de cette famille écossaise dont les ancêtres, apparentés à la famille royale d’Ecosse, suivirent les Stuart lorsqu’ils vinrent au secours du dauphin pour bouter hors les anglais. Walter Stutt en 1419, puis en 1427 ses quatre fils combattirent sous les ordres de John Stuart, Connétable de France. Ils appartenaient aux vingt-cinq archers de la garde écossaise du corps du roi, réputés pour leurs costumes et leurs parures qui étaient d’une telle richesse qu’on les appelait les Orfavriers.

En récompense de ses services et de sa fidélité, Charles VII avait fait don en 1445 à Walter Stutt du fief d’Assay (à Beaulieu-sur-Loire). Pour sa part Louis XI accorda une « charte de naturalité » à Thomas Stutt, dont François était le descendant. Les droits des Stutt ayant été contestés, la paix revenue, ils furent confirmés par un arrêt du Grand Conseil tenu à Bourges en 1489. A la suite de  cette décision, les Stutt prirent la devise : « Don bien acquis », qui figure encore sur le porche du château.

Depuis cette époque, Tracy est toujours demeuré dans cette famille (voir l’article « Stutt » du « Dictionnaire » d’Aubert de La Chesnaye).

Suivant la tradition leurs représentants firent carrière dans les armes et plusieurs d’entre eux connurent une certaine célébrité, et notamment Antoine d’Estutt de Tracy, qui débuta dans les mousquetaires en 1770 et devint maréchal de camp en 1792. Député de la noblesse de la sénéchaussée du Bourbonnais aux Etats généraux de 1789, acquis aux idées libérales, il fut du nombre des gentilshommes qui se réunirent aux représentants du tiers-état. Arrêté sous la Terreur en 1793, emprisonné aux Carmes, il fut libéré à Thermidor. Disciple de Buffon et de Lavoisier, il fut ensuite celui de Condillac ; on lui doit un « Essai sur le génie et les ouvrages de Montesquieu ». Entré à l’Académie française en 1808, membre du Sénat sous Napoléon Ier, puis de la Chambre des Pairs en 1815, il fut unanimement aimé pour sa générosité et l’élévation de son esprit.

Son fils Victor d’Estutt de Tracy, après avoir participé aux campagnes napoléonniennes, lui aussi d’esprit libéral, ministre de la Marine en 1848, avait épousé, en 1816 Sarah Newton, petite-nièce du célèbre physicien, à laquelle on doit également une œuvre littéraire.

                                                  1327169825historique

                                                             Sarah Newton, ctesse d’Estutt de Tracy

Le château de Tracy a été construit au XVème siècle près de l’emplacement d’une demeure plus ancienne dont il ne reste que les souterrains. Remanié au XVIème siècle, ce nouveau château a été en partie reconstruit au XIXème. Il est toujours à la tête d’un prestigieux vignoble (voyez le site du Chateau de Tracy)

Voyez ci-dessous la suite des seigneurs connus de Tracy, à partir du XVè siècle, et aidez-nous à la compléter…

Tracy (V5 améliorée le 13/5/19)

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La Motte-Josserand, forteresse tranquille

(Illustration : château de la Motte-Josserand)

Aux portes de Donzy, en amont sur le Nohain, la forteresse de La Motte-Josserand à Perroy est le château médiéval le plus important et le mieux conservé du Donziais.

Voyez la page qui lui est consacrée sur le site « Cahiers du Val-de-Bargis » et notamment sa galerie de photos : La Motte-Josserand.

Le château a subi des modifications au cours des siècles depuis sa construction au XIIIème, mais l’harmonie et la force tranquille qui se dégagent de cet exceptionnel monument, demeurent remarquables. La solidité de ses tours, ses immenses toitures de tuiles, sa cour qui restitue un espace médiéval préservé, sont autant de témoignages de l’importance de sa fonction militaire et du prestige des titulaires successifs de ce fief.

Il est toutefois passé de mains en mains dans des conditions parfois difficiles à élucider aujourd’hui. 

Un certain mystère plane sur son fondateur, Josserand de La Rivière, vers 1250, auxquels des actes consignés par Marolles dans son Inventaire des Titres de Nevers font référence, comme « frère de Bureau » (cf. par ex. ce don de 1282). Certains ont avancé que les sires de La Rivière avaient pour auteur un cadet de Donzy ; ce nom de Josserand, porté par l’ancêtre des barons de Semur (Jocerand Bers), eux-mêmes ancêtres des barons de Donzy, accrédite cette hypothèse. 

Le fief passe de ses petit-fils Jean et Regnault « de La Mothe » à Jeanne de Paray, femme de Gilles de Sully, sgr de Beaujeu (voyez le site du château de Sens-Beaujeu, en Berry) issu des sires de Sully de la maison de Champagne-Blois. Puis il va par alliance aux Bazoches (voyez le site du château de Bazoches, en Morvan).

Mais la guerre de Cent ans qui sévit en Nivernais, fait de La Motte-Josserand un enjeu militaire important. Le château est d’abord occupé par le routier Arnaud de Cervole (1356), puis cédé au capitaine bourguignon Perrinet Gressard (vers 1410), dont la veuve le vendra en 1446 au Chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, grand personnage de la fin du moyen-âge. 

Il échoit au XVIème siècle par un jeu d’alliances aux L’Hôpital, qui le conservent pendant 150 ans. Le plus célèbre seigneur de la Motte-Josserand de cette lignée d’origine italienne (voyez la généalogie de l’Hôpital, et ses curieuses armes « au coq » sur le site Racines-Histoire), est Nicolas de L’Hôpital, duc de Vitry, maréchal de France.

Mais à la fin du XVIIème siècle, comme bien d’autres grandes terres féodales, le fief et le château sont vendus à de riches parlementaires, et divisés en deux lots qui ne seront réunis qu’à la veille de la Révolution. Son déclin se confirmait.

Pour une approche plus détaillée de la suite des seigneurs de La Motte-Josserand,  qu’il vous est possible de compléter ou de corriger, cliquez sur le lien suivant :

La Motte-Josserand (V12 du 23/1/23)

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