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Pressures, aux portes de Clamecy

(Illustration : le flottage du bois sur l’Yonne au début du siècle)

Un internaute me demande pourquoi je n’ai pas évoqué la petite maison-forte de Pressures aux portes de Clamecy, dont il pense qu’elle était en Donziais puisque l’Inventaire des Titres de Nevers de l’abbé de Marolles, cite un hommage de Jean Damas en 1339 « pour la terre d’Etaules, le château de Pressoires et Poigny, mouvants de la baronnie de Donzy ». Bonne remarque !

Cette « mouvance » ne fait pas de doute pour Etaules (Les Taules à Chateauneuf) et Pougny, mais elle est plus discutable pour Pressures. Ce château était situé en effet dans la paroisse même de Clamecy et dans cette châtellenie qui relevait du diocèse d’Auxerre mais pas de la baronnie de Donzy. C’est pourquoi nous ne l’avions pas incluse dans nos travaux.

Mais au bénéfice du doute, pour répondre à l’attente de ce visiteur attentif nous avons étudié l’histoire de ce petit fief, dont le manoir présente une certaine parenté avec la ferme fortifiée de Sauzay toute proche à Corvol –. Nous la proposons ci-dessous.

                                                     

Pressures (parfois appelée Pressoires) est cité dès 1331, dans un hommage rendu par Guiot Damas, fils de Jean Damas de Marcilly et d’Huguette de Clamecy, qui avait apporté ses terres nivernaises à cette branche de la grande lignée bourguignonne et forézienne des Damas.

Au bord du Sauzay, qui se joint au Beuvron peu après pour alimenter l’Yonne à Clamecy, ce petit château défendait l’accès à cette vallée. De plan rectangulaire, il est entouré de douves en eau de plus de huit mètres de large, alimentées par le Sauzay. Un pont dormant donne accès à la cour d’honneur par une porte cochère sous une tour carrée. L’ensemble conserve une belle allure médiévale et des éléments architecturaux des XVème et XVIème siècle, mais a subi des remaniements et ajouts beaucoup plus récents.

Au moyen-âge Pressures était donc associé à Pougny et à Estaules dans l’héritage d’Huguette de Clamecy. Lors de la vente de ces fiefs par son arrière-petit-fils Jean Damas au début du 15ème siècle, on en perd la trace. Peut-être a-t-il été repris par le comte de Nevers, comme Pougny.

Mais quelques décennies plus tard on trouve Pressures aux mains d’une vielle famille clamecycoise, les Chevalier – des officiers des comtes de Nevers, souvent « chatelains » ou « garde-scel » de Clamecy – qui possédaient déjà quelques biens dans les environs immédiats. Il est possible que Pressures leur ait été donné par le comte en reconnaissance de leurs services. Ils conservèrent le fief pendant au moins 7 générations, et les derniers d’entre eux en prirent le nom au XVIIème siècle.

Comme d’autres terres de la région son destin féodal s’acheva avant la Révolution dans une famille de « marchands de bois pour la fourniture de Paris », une activité particulièrement lucrative dans la vallée de l’Yonne, principal vecteur du « flottage« . Pendant la Terreur le château fut transformé en prison pour les « contre-révolutionnaires », prélude à leur exécution.

Voyez ci-dessous une notice présentant une première approche de la dévolution de Pressures au fil des siècles. Merci de votre aide pour la corriger ou la compléter…

Pressures (V1 du 24 jan 2022)

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Trucy, Vergers et Faulin

(Illustration : les armes parlantes des sires d’Armes)

Nous avions négligé de présenter spécifiquement Trucy-l’Orgueilleux, un fief et un château importants et anciens, car son destin féodal nous paraissait étroitement lié à celui de Vergers, et que cette paroisse relevait de la châtellenie de Clamecy, hors Donziais.

Nous avons eu tort.  Un examen plus approfondi montre que des hommages pour Trucy – parfois appelé le « château des Crénaux » –  ont été rendus « à cause de Donzy », et que ce site avait une origine patrimoniale différente de Vergers, dont une succession le sépara d’ailleurs plus tard. Il rejoignit alors le patrimoine des Grivel de Grossouvre (dont Pesselières à Sougères et Faulin à Lichères-sur-Yonne) et resta lié à ce dernier site après la vente de ces terres au début du XVIIIème siècle. Mais les seigneurs successifs de Trucy n’y résidèrent plus et le château fut laissé à l’abandon, simple siège d’une exploitation agricole.

L’ensemble architectural hétéroclite et passablement dégradé qu’on peut voir aujourd’hui porte la marque de cet abandon. De la construction d’origine ne reste qu’une grosse tour modifiée au XVe siècle par Jean d’Armes. Le corps de logis résulte des travaux entrepris et jamais achevés par François de Chabannes et son épouse Valentine d’Armes entre 1589 et 1610. Les différents bâtiments, dont une aile à vocation agricole ajoutée au XIXe siècle et les anciens murs de courtine sont disposés autour d’une cour carrée. L’ensemble est flanqué de tours circulaires.

Par son histoire et celle de ses détenteurs successifs : les familles du Bois, d’Armes, de Chabannes, de Grivel et Perrinet, Trucy est en fait intimement lié au Donziais. L’importance du château donne à penser que Trucy n’était pas à l’origine ce fief secondaire qu’il devint au fil du temps.

Voyez la succession des seigneurs de Trucy-l’orgueilleux dans la notice ci-dessous et ne manquez pas de nous proposer adjonctions, précisions ou corrections…

Trucy-l’Orgueilleux (V1 du 6 juin 2021)

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Les Dupin en Donziais

L’exceptionnelle réussite des trois frères Dupin, fils d’un député à l’Assemblée législative de 1791,  sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, a conféré à leur nom une véritable aura en Nivernais.

André Dupin l’aîné, avocat, jurisconsulte, homme politique éminent, haut magistrat, membre de l’Institut, châtelain de Raffigny en Morvan, a sa statue à Varzy. Son brillant parcours, de la Restauration au Second Empire, a fait l’objet d’une journée d’étude de la Société académique du Nivernais en 2014, dont les actes ont été publiés.

Charles Dupin, le cadet, savant ingénieur naval, député, ministre, lui aussi membre de l’Institut, châtelain de Corbelin, restaura l’abbaye du Réconfort, lieu de la sépulture de Mahaut de Courtenay.

Philippe Dupin, le benjamin, fut lui aussi député de la Nièvre et de l’Yonne, et châtelain de Chitry-la-Mine.

Cette famille de la bourgeoisie judiciaire était originaire de Varzy, vieille cité épiscopale aux confins de l’ancien diocèse d’Auxerre, où elle est connue depuis André Dupin (1549-1620). Elle n’était donc pas à proprement parler donziaise, mais outre l’implantation de Charles à Corbelin, une branche cadette détint les terre et forge de Croisy, à la Chapelle-Saint-André, et celle de Ferrières, à Entrains.

Nota : aucun rapport avec la famille d’Aurore Dupin, baronne Dudevant – George Sand – qui était berrichonne.

Voyez ci-dessous une notice généalogique qui retrace la remarquable épopée de ces juristes, rigoureux et acharnés. La gloire parisienne des trois frères ne leur a pas fait négliger leur vieux pays d’origine où ils se sont magnifiquement établis et sont constamment revenus.

Famille Dupin

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