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Estaules, petite terre…grands seigneurs !

(Illustration : Châteauneuf-au-Val-de-Bargis, le château de la Tour, extrait de l’Album du Nivernais)

L’étude de l’histoire des fiefs réserve souvent des surprises. Les plus modestes d’entre eux peuvent avoir eu un destin brillant, et ce qui n’est plus aujourd’hui qu’un modeste hameau ou une simple ferme, a pu constituer au moyen-âge une belle seigneurie.

L’Inventaire des Titres de Nevers, qui est une série d’actes dépouillés par l’équipe de l’abbé de Marolles, résumés et classés – plus ou moins bien – par catégories, les présente de façon banale. L’hommage rendu par un puissant seigneur pour un grand fief connu n’y tient pas plus de place que celui d’un modeste écuyer pour « un clappier et une garenne », selon l’expression de Chateaubriand. Sans doute les actes eux-mêmes avaient-ils plus ou moins grande apparence, en fonction de leur objet, du prestige des protagonistes et de l’habileté des notaires…Mais ces liasses de parchemins et de papiers qui attestaient des possessions, des successions et des cessions, et recelaient une masse de renseignements de tous ordres, ont malheureusement disparu. Seule a subsisté leur évocation en quelques lignes dans une liste manuscrite, imprimée quelques décennies plus tard, et c’est déjà une grande chance. Variations d’orthographe et transcriptions approximatives confèrent à ce document de plus de 800 colonnes serrées une touche d’imperfection humaine qui en accroit paradoxalement la véracité.

Quelques actes dispersés concernent le fief dit « dEstaules ».

C’est aujourd’hui le modeste hameau des Taules à Chateauneuf-Val-de-Bargis, rassemblant quelques maisons en lisière de la forêt de Bellary, où aucune trace castrale n’est visible. Voyez l’excellent site Cahiers du Val de Bargis qui l’évoque. Des fiefs lui étaient associés dans certains actes : le Meix (ou le Meix-Guichy à Nannay, un moulin qui devint une forge importante : le Fourneau de Guichy – voir page Forges), Scelles (non localisé) et Pressoires. Mais cette dernière terre n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, le fief voisin de Pressour : il s’agit en fait du château de Pressures, relevant de Clamecy.

La féodalité est un embrouillamini pour les chercheurs, que la pauvreté des sources, les homonymies, les voisinages qui n’en sont pas, l’imprécision des transcripteurs….etc., entraînent souvent sur de fausses pistes.

Estaules est cité six ou sept fois par l’Inventaire, pour des hommages, jusqu’à son rachat par le comte de Nevers – Philippe de Bourgogne (1389-1415) – auprès de différents titulaires, vers 1410 :

  • en 1307, par le sire de Roche-d’Agoux, d’une vieille famille d’Auvergne dont la présence dans les collines du Val de Bargis surprend ; Estaules devait donc lui venir de son alliance, restée inconnue ;
  • dans les années 1330, puis en 1389 et lors de la vente en 1413 par des Dalmas de Marcilly, successifs, d’une branche cadette de la grande Maison de Damas ; elle tenait ces terres d’une alliance avec Huguette de Clamecy ;
  • simultanément en 1333 par Agnès de Mornay, épouse de Guillaume des Barres, sgr de la Guerche, héritière de son frère le chanoine Etienne de Mornay, Chancelier de France, qui détenait de très nombreux biens dans la région ; cela indique que ce fief, qui nous paraît pourtant modeste, était divisé ;
  • en 1408 pour la vente de la part qu’ils détenaient par Claude du Vernet, épouse d’Hugues de Villelume, d’une famille marchoise et bourbonnaise dont les raisons de la présence ici nous échappent également.

Il est probable qu’ensuite Estaules fut agrégé au domaine de la châtellenie de Châteauneuf et affermé. Peut-être y en a-t-il des traces dans les archives de la Chambre des Comptes de Nevers, créée au début du XVème siècle précisément, qui administrait ce patrimoine ? Mais les Archives départementales de la Nièvre n’en conservent qu’une faible part (série B3).

Quoiqu’il en soit, voyez ci-dessous une première notice présentant la succession connue des seigneurs d’Estaules et du Meix. Nous serions intéressés par toute indication permettant de percer le mystère des liens entre ses différents titulaires.

Estaules et le Meix  (V1 du 11 mai 2020)

 

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