Archives de catégorie : 7 – Châtellenie de Chatel-Censoir

Chatel-Censoir, une possession donziaise

(Illustration : la Cène, bas-relief du XVIème siècle – Eglise St-Potentien de Chatel-Censoir)

Chatel-Censoir, à l’entrée du Morvan sur le haut cours de l’Yonne, est aujourd’hui un bourg modeste, mais tout y respire une haute antiquité. Aux limites orientales du Donziais, elle relevait de l'ancien diocèse d’Autun – qui comprenait la région d'Avallon – mais appartenait aux évêques d’Auxerre, par un de ces mystères dont l'histoire féodale a le secret.

Ce castrum éduen a été une importante place gallo-romaine, comme l’ancienneté des fortifications à leurs bases et de nombreuses trouvailles archéologiques dans toute la région en attestent. Saint Pèlerin, le grand évêque d’Auxerre, en fut l’évangélisateur, mais c’est le martyr d’Entrains, Saint Potentien, deuxième évêque de Sens, qui a donné son nom à la Collégiale.

Il semble que la ville tienne son nom de Censure, évêque d’Auxerre au Vème siècle, – correspondant de Sidoine Appolinaire – dont la famille tenait une grande partie de la région, et qui en fit don à son diocèse à l’instar de son illustre prédécesseur le grand Saint Germain.

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La possession seigneuriale de Chatel-Censoir est à associer entièrement à celle de Donzy, depuis Warin de Vergy, comte de Mâcon et de Chalon au IXème siècle, ancêtre des barons de Semur et de Donzy. Cette communauté de destin donne à Chatel-Censoir un statut unique en Donziais. Sur le plan géographique, elle contribue à former la longue bande de la Loire à l’Yonne qu’a été cette baronnie. Chatel-Censoir en devint logiquement une « châtellenie » lorsqu'elle se structura.

La place a toutefois été disputée pendant plusieurs décennies aux barons par les comtes originels de Nevers, mais cette querelle s’est trouvée sans objet à la réunion de ces deux grands fiefs, par l’alliance de Mahaut de Courtenay avec Hervé de Donzy. Dès lors le destin de Chatel fut celui du Nivernais dans son ensemble.

Un château baronnial dominait la forteresse de Chatel-Censoir, et les barons, puis les comtes de Nevers y nommaient des « châtelains » pour les représenter.

                                                 Tour_d'enceinte_de_Châtel-Censoir

Deux lignées, peut-être réunies, ont marqué la cité aux XIème et XIIème siècles : les Wibert et les Ascelin, qui se sont taillés des fiefs importants dans la région (voir notice Merry), où ils s’implantèrent définitivement. Un Gymon de La Rivière, de la grande famille nivernaise de ce nom, conseiller de Geoffroy IV de Donzy, vint exercer cette fonction, ou encore Jean de Fretoy vers 1400.

La gentilhommière qui subsiste de nos jours en haut de la colline, est l’héritière des anciens châteaux forts dans ce site, dont des traces subistent (murs, tour…) mais dont on n’a pas d’image ancienne.

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Faulin, fief Le Bourgoing

Aux pieds d'une colline boisée, le château de Faulin à Lichères-sur-Yonne, est un magnifique ensemble architectural de la fin du Moyen-âge et de la Renaissance. Il est mentionné pour la première fois au XIIIe siècle et appartient alors aux Ascelin, seigneurs de Châtel-Censoir, qui ont essaimé aussi à Merry-sur-Yonne.

On le trouve en 1389 – dans des conditions qui restent à préciser – en la possession de Jean Le Bourgoing, sgr de Champlévrier en Morvan, d’une vieille famille nivernaise dont les descendants directs le conservent durant trois siècles et font élever, à la fin du XVe siècle, le manoir actuel. Plusieurs d'entre eux occupent des charges importantes à la cour des ducs de Nevers.

L'ensemble est constitué du château et de sa basse-cour entourés par une enceinte rectangulaire cantonnée de 3 tours circulaires, d'une tour maîtresse (donjon) et d'une tour sur plan carré. Le logis qu'on voit aujourd'hui a été construit à l’aube d’une nouvelle période de prospérité dans un style gothique puis Renaissance, plus agréable à vivre mais gardant un système défensif pour protéger les récoltes des bandits de grand chemin et des mésententes locales.

En 1699, l'héritière des Le Bourgoing de Faulin apporte le fief à Paul de Grivel de Grossouvre, sgr de Pesselières et Chauminet en Puisaye (voir ces notices) maître de camp de cavalerie, d'une famille ancienne du Bourbonnais.

Le château est vendu quelques années plus tard à David Pierre Perrinet du Pezeau, gendre d’un Fermier général, et passe ensuite par deux alliances successives aux Damas d’Antigny, et enfin aux Vogüé, sgr de Commarin, au début du XIXème. De cette époque datent les bâtiments d'exploitation qui entourent le manoir.

Voyez le site : Château de Faulin

Et ci-dessous une notice sur la succession des seigneurs ; merci de nous aider à la compléter, notamment pour les premiers échelons…

Faulin (V5 augmentée du 20/1/18)

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Merry (La Tour)

(Illustration : l'Yonne à Merry, les rochers du Saussois)

Le domaine de la Tour, situé sur une hauteur qui domine la boucle de l’Yonne, au-dessus de Merry, comprend les restes d’un important château féodal du XIIème siècle, construit sans doute par les Ascelin, châtelains de Chatel-Censoir, devenus seigneurs de Merry et de bien d’autres lieux. Il avait un plan carré et était entouré de fossés, avec quatre tours carrées aux angles. Une porte d’entrée monumentale donnait accès à la cour, flanquée autrefois d’un donjon carré, qui lui a donné son nom et s’élevait à plus de 25 mètres, pour faire le guet jusqu’à Chatel-Censoir et même Vézelay.

Des adjonctions successives y furent faites, notamment un vaste logis, aux XVè et XVIème siècles. Toutefois dès le début du XVIIè le château n’était plus habité par ses seigneurs et tomba en ruines, évoluant progressivement vers une simple fonction agricole.

On suit les premiers seigneurs de Merry par les donations qu’ils firent aux abbayes les plus proches : Reigny et Crisenon, mais aussi Pontigny. Merry passa au XVème siècle à Jean de la Rivière, dans des conditions qui restent à éclaircir. Sa fille l’apporta aux Veilhan, barons de Giry, et il fut repris 150 ans plus tard par le Roi, qui l’échangea à un magistrat enrichi, peu avant la Révolution, au cours de laquelle il fut vendu comme Bien national.

Tout en étant proche et relié à Chatel-Censoir, châtellenie rattachée au Donziais, Merry est proche de Mailly et appartenait plutôt à l’Auxerrois.

Voyez ci-dessous la notice, encore incomplète, consacrée à la Tour de Merry.

Merry (La Tour)  (V3 complétée le 24/10/18)

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Maison-Blanche : le silence de Claudine…

(Illustration : manoir de Maison-Blanche)

Maison-Blanche à Crain, dans la haute vallée de l’Yonne, dépendant de Chatel-Censoir, est un manoir austère, qui a connu bien des aventures pendant les guerres de religion. A cette époque le fief était tenu par un sieur de Loron, dont la famille venait du Morvan voisin, et lui servait de base pour ses exactions en Auxerrois, sous les ordres de l’Amiral de Coligny.

Les Lanvault, petits seigneurs des environs, paraissent avoir été les premiers seigneurs de Maison-Blanche, et le fief était passé par alliance aux Loron, puis aux Longueville (de Domecy-sur-Cure) avant d’être vendu à un bourgeois d’Auxerre.

L’histoire a été cruelle pour une servante de ce château : Claudine Ravier. L’abbé Jean Lebeuf, grand historien de l’Auxerrois, a donné dans son « Histoire de la prise d’Auxerre par les huguenots » des pièces justificatives de la cruauté de Jacques de Loron, sgr de Maison-Blanche, et des malheurs de Claudine. Voyez les pages 320 et suivantes de ce livre en cliquant sur le titre.

Elle avait été témoin de l’arrivée à Maison-Blanche de charettes pleines des trésors des églises pillées à Auxerre, et de l’enfouissement d’une partie d’entre eux dans le parc, tandis qu’une autre partie, fondue, avait été expédiée à Genève. Pour l’obliger au silence en la terrorisant, Loron lui avait raclé la langue avec son coutelas. Elle ne parla que des décennies plus tard.

Voyez ci-dessous une notice plus détaillée, qui reste cependant à compléter :

Maison-Blanche (V. du 13/6/22)

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