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Figures donziaises dans la Révolution : Toulongeon

Avec François-Emmanuel de Toulougeon (1748-1812), historien et homme politique, voici une autre de ces figures mutantes, de l’ancien monde au nouveau au tournant du XIXème siècle.

Le vicomte de Toulongeon appartenait par sa famille paternelle, connue depuis le XIIIème siècle, à la noblesse franc-comtoise d’ancienne extraction chevaleresque. Fils cadet du comte de Toulongeon, né au château de Champlitte (Haute-Saône), il siégea aux Etats-Généraux au titre de la noblesse de Franche-Comté, puis fut député de la Nièvre à l’Assemblée législative, du fait de son installation en Nivernais.

Ayant renoncé aux Ordres religieux auxquels sa famille le destinait, il avait mené une carrière militaire jusqu’au grade de « colonel des Chasseurs de Franche-Comté ». Mais à la différence de ses deux frères, officiers généraux démissionnaires en 1792, il adhérait aux idées nouvelles et n’émigra pas.

Dans son discours d’admission à l’Académie de Besançon en 1779, il avait montré ses préférences en faisant l’éloge de Voltaire et de Fontenelle. Il s’était fait connaître à l’occasion des Etats de Franche-Comté réunis à Quingey, en publiant en 1788 des « Principes naturels et constitutifs des assemblées nationales », qui montraient un intérêt pour une monarchie constitutionnelle, le désignaient à l’attention de ses pairs, et lui permirent d’être élu du Bailliage d’Aval (Lons-le-Saulnier) ; son frère l’étant au Bailliage d’Amont.  En juin 1789 il fut parmi les premiers à choisir de siéger avec le Tiers.

Retiré à la campagne en 1791, à la fin de l’Assemblée Constituante, il se consacra à l’histoire, à la littérature, à la gravure et à la musique dans son château du Grand-Sauzay à Corvol-l’Orgueilleux, dont nous avons proposé l’histoire, qu’il tenait de la marquise d’Azy, sœur de sa mère.

L’ancien château (ferme fortifiée) du Grand-Sauzay à Corvol-l’Orgueilleux

Il montra toujours un intérêt intellectuel pour la vie publique, publiant par exemple en l’an IV un « Manuel révolutionnaire » qui lui valut d’être élu à l’Institut dans la classe des sciences morales et politiques. Le moment venu, il rallia l’Empire et fut à nouveau, malgré ses réticences vis-à-vis de l’action politique, député de la Nièvre en 1802, siégeant au Corps Législatif jusqu’à sa mort en 1812.

Toulongeon est surtout connu pour son « Histoire de la France depuis la Révolution de 1789, écrite d’après les mémoires et manuscrits contemporains recueillis dans les dépôts civils et militaires » (Trettel et Würtz, 1801-1810), qui eut un grand succès. Mais il s’intéressa également à l’économie et à la botanique, et publia de nombreuses études ou travaux pour l’Institut.

Jacques Bertaux : « La prise des Tuileries » 

Il avait épousé Emilie Bertaux, fille du peintre Jacques Bertaux, dont il n’eut pas d’enfants. En mars 1801 furent publiées des « Lettres de la Vendée, écrites en fructidor an III, jusqu’au mois de nivôse an IV » signées Emilie T. Ces lettres d’une femme constituent le roman des amours contrariés de Louise, la noble Vendéenne, et de Maurice, le gendarme républicain.

Œuvre de réconciliation au lendemain de la guerre de Vendée, le roman met en scène la vie quotidienne pendant la Révolution et propose une réflexion originale sur les relations entre les femmes et les hommes. Si Louise parvient à aimer librement Maurice, la Vendée pourra consentir à la République. Certains critiques considèrent, en raison des analyses politiques que l’œuvre recèle, que Toulongeon en était l’auteur.

Petit château du Grand-Sauzay (XVIIIème)

Retiré en Donziais, François-Emmanuel de Toulongeon fut un « honnête homme » du XVIIIème siècle, ouvert aux idées des Lumières, prêt à renoncer à ses privilèges et adepte d’une monarchie constitutionnelle. Il fut un analyste clairvoyant de la Révolution – depuis son cabinet qui dominait la vallée du Sauzay – plutôt qu’un de ses acteurs.

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La ferme fortifiée de Sauzay à Corvol

(Illustration : le vicomte de Toulongeon, dernier sgr de Sauzay)

Nous avions proposé un article sur la ferme fortifiée de Sauzay à Corvol. Des recherches complémentaires nous ayant permis d’enrichir l’histoire de ses seigneurs successifs, nous proposons une nouvelle approche de ses origines, ainsi que des indications nouvelles sur les seigneurs du « Petit-Sauzay ».

Reconstruite aux XVème-XVIème siècles, la maison forte de Sauzay (le Grand-Sauzay) défendait la vallée de la rivière de ce nom, un carrefour de circulation concerné par le commerce des produits des forges environnantes. Elle avait été incendiée par les Anglo-Bourguignons en 1427. Elle était à la tête d’un fief ancien, relevant de la châtellenie de Corvol-l’Orgueilleux, et peut-être détaché de Corbelin, en amont sur la rivière.

Il paraît probable qu’elle fut détenue d’abord par les Le Muet, sgrs de Corbelin et Ardeau et fut divisée à la mort de Guillaume III le Muet, dont la femme, Cécile Gousté, de Clamecy, en transmit des parts à ses enfants d’un second mariage avec Jean Dabont, d’Entrains, dont le fils rend hommage en 1555.

En 1588 elle appartenait à Philibert Bolacre, fils de Nicolas, receveur du Roi à Clamecy, peut-être par une alliance avec une Dabont, avant d’être achetée en 1620 par un riche « marchand de bois pour la fourniture de Paris », Jean Girardot. Ses petits-enfants – Girardot de Sozay – protestants persécutés après la Révocation de l’Edit de Nantes, durent se défaire de leurs biens pour financer leur exil à Genève ou en Angleterre. Ils vendirent Sauzay au marquis d’Azy (Louis-Henri de Las) pour 76.000 livres.

Elle se présente aujourd’hui comme une ferme fortifiée autour d’une cour carrée, entourée de fossés autrefois alimentés par le Sauzay. Les bâtiments d’origine ont été profondément transformés. La façade sud présente les caractères du XVème siècle et celle orientée à l’est offre un portail avec des vestiges d’origine : pont-levis, échauguette, machicoulis…

Il a été fait du site aux XVIIIème et XIXème siècles un double usage : agricole et industriel. Il a en effet abrité un haut fourneau, alimenté par le minerai de fer de la région et les bois environnants, et animé par la force du cours d’eau. Il a aussi été le siège d’une exploitation de fourniture de bois par flottage vers Paris, activité typique du Clamecycois, du XVIIème au XIXème siècle, à l’origine de grandes fortunes.

Un petit château plus confortable fut adjoint à la maison-forte au XVIIIe siècle par le marquis d’Azy.

Le vicomte de Toulongeon, son héritier, qui était historien et homme politique, député de la noblesse aux Etats Généraux, puis membre de l’Institut, en hérita et s’y retira. Il avait embrassé les idées de la Révolution et y joua un certain rôle.

En aval du Grand-Sauzay, ont trouve la hameau du Petit-Sauzay, un fief peut-être détaché du précédent, que nous évoquerons in fine…

Voyez ci-dessous une notice sur la dévolution de Sauzay au fil des siècles ; elle recèle des hypothèses et des incertitudes que vous nous aiderez peut-être à lever…

Sauzay (Grand et Petit) (nouvelle version du 1 oct 2021)

 

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